Algérie

Le gouvernement constate la «fin de la trêve» avec les rebelles touaregs Risques de «qaedisation» d?un conflit local



Le gouvernement malien a officiellement constaté la fin de la trêve conclue, il y a deux semaines, et assure avoir pris les «dispositions nécessaires» pour rétablir la paix. L?annonce a été faite par le ministère de la Défense après l?attaque des rebelles touaregs, menés par Ibrahim Ag Bahanga, contre le poste militaire de Tinzaouatine, près de la frontière avec l?Algérie.La situation se dégrade au nord du Mali et, avec l?existence d?une rébellion au Niger, une possibilité d?extension du conflit. Même s?il ne s?agit, officiellement, que d?une opération de ravitaillement, les forces américaines se sont retrouvées, pour la première fois, directement impliquées dans le conflit. C?est un avion américain qui participait à l?exercice «Flintlock 2007», dans le cadre du programme dit de «partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme» (TSCTP) qui s?est retrouvé sous le tir des Touaregs. On est manifestement dans un risque de glissement où un conflit local endémique pourrait prendre une tournure différente par son insertion éventuelle dans la «global war» américaine contre le terrorisme. Ce ne serait à l?évidence pas la meilleure des évolutions, les interventions américaines ayant, c?est un constat, tendance à générer des contre-réactions violentes.Le constat de la «fin de la trêve» fait par le ministère malien de la Défense indique que, désormais, l?option est à la solution militaire. La question est de savoir si l?armée malienne a les moyens d?en finir avec la rébellion par ses propres moyens ou bien fera-t-elle appel à des moyens extérieurs, américains par exemple? Les hommes d?Ibrahim Ag Bahanga ne sont pas très nombreux pour le moment mais ils agissent dans un terrain qu?ils connaissent bien. Un durcissement du conflit pourrait aussi favoriser des ralliements à la rébellion. Jusque-là, en effet, les anciens de la rébellion s?en tiennent aux accords conclus avec le gouvernement et ont pris leur distance à l?égard d?Ag Bahanga. En sera-t-il de même si le conflit prenait une tournure plus dure comme cela semble être le cas? Les solidarités familiales risquent de jouer -le colonel de l?armée malienne Assane Fagaga qui a déserté, au début du moins avec plusieurs de ses hommes est un parent d?Ag Bahanga- en mettant à mal les effets positifs relatifs des accords de juillet 2006. On peut y ajouter les risques de «jonction» avec la rébellion targuie au Niger. Pour Bamako, cette jonction existe déjà. Ce n?est pas encore évident, mais les ingrédients d?un grossissement de la rébellion sont là. Ils pourraient être accélérés dans le cas d?une «internationalisation» de la riposte. Pourtant, personne ne gagnerait à assimiler la rébellion targuie au nord du Mali et du Niger, dont les causes résident dans la faiblesse de l?intégration politique et sociale, à Al-Qaeda. Des élus et notables touaregs de la région de Kidal tentaient encore d?apaiser la situation en prenant langue avec Ibrahim Ag Bahanga (le chef du groupe armé) pour lui demander de «calmer le jeu» et de «respecter la trêve en cours». Elle ne paraît pas avoir beaucoup de chance de succès. Il faut noter également dans la plume de certains journalistes maliens des mises en cause de l?Algérie. On ne l?accuse pas de soutenir les rebelles mais de ne pas coopérer suffisamment contre eux.Certains suggèrent que l?Algérie sert de base-arrière aux rebelles. On peut supposer que cela correspond aux vues de certains responsables maliens. Mais sans doute, faut-il y voir surtout, l?effet des réserves de l?Algérie à l?entrée d?acteurs extérieurs à la région dans un conflit à rebondissements. A plus forte raison que l?on n?oublie pas que l?idée d?un Etat touareg dans la région reste toujours présente dans les tablettes de certains...


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