Algérie

Le gouffre



Décidément, les dirigeants libanais se montrent insensibles aux pressions qui s?exercent sur eux afin de les amener à élire un successeur au président Emile Lahoud dont le mandat a pris fin le 23 novembre dernier. Tous ceux qui sont interpellés en ce sens, sans exception aucune, entendent donner un sens à cette élection, même si, rappelle-t-on souvent, la fonction est devenue plutôt symbolique. Pour tous ? Pas si sûr au regard de cette épreuve de force marquée par huit rounds tous sans résultat. Sauf peut-être ce sens du compromis qui s?aiguise s?il n?était contrarié par cette obstination à vouloir respecter la procédure à tout prix. Il s?agit de l?amendement de la Constitution qui permet au général Sleimane de se porter candidat. Quelle voie emprunter ? Passer par le gouvernement comme le demande l?opposition, ou ne pas y aller comme le souhaite la majorité ? Il ne s?agit pas ? mais alors pas du tout ? de hâter la procédure, mais de déplacer le problème au niveau d?un gouvernement qui a perdu sa légitimité selon l?opposition qui en a retiré ses ministres il y a une année. Parce que l?affrontement allait se prolonger, un haut responsable américain a tout simplement sommé hier ceux qui sont appelés à faire le choix, à « remplir leur devoir », estimant que « le plus dur a été fait », c?est-à-dire le choix d?un candidat de consensus. On parle aussi de « jour de la dernière chance ». Peine perdue. « Il n?y aura pas d?élection demain », c?est-à-dire aujourd?hui, a répondu un député de la majorité qui s?attend à ce que le président du Parlement et un des piliers de l?opposition, Nabih Berri, reporte de nouveau la séance. Un autre rendez-vous manqué. Le neuvième depuis le mois de septembre dernier. Et rien n?indique que le prochain sera respecté, car s?il est question de procédure, rien n?est fait pour que celle-ci n?apparaisse pas comme l?arbre qui cache la forêt, là où se rencontrent et se heurtent toutes les divergences qui marquent la scène politique libanaise depuis au moins une année. Mais à vrai dire, les tensions ne datent pas d?aujourd?hui. Les Libanais en sont marqués, c?est pour cela que leur crainte du pire se trouve justifiée. Ils n?ont pas la mémoire courte. Ils savent que la dernière fois que leurs dirigeants ont voulu régler leurs divergences, ils l?ont fait au prix de dizaines de milliers de morts et d?incroyables destructions. C?était la guerre civile. Quinze années noires dont l?effet fut la destruction de la fameuse mosaïque libanaise. Le bon sens auquel appellent cette fois de très nombreux pays a fini par l?emporter. C?est d?ailleurs le secrétaire général des Nations unies qui a partagé cette crainte en déclarant que le Liban se trouve au bord du gouffre. A vrai dire, il suffit de pas grand-chose pour que le Liban y plonge à nouveau. Mais en sortira-t-il cette fois ? C?est pourquoi la marge de man?uvre des hommes politiques est étroite.


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