Algérie - Revue de Presse

Le gigantisme et les ratés de l'économie


Même nos projections urbanistiques n'obéissent à aucune mesure. Croyant que pour faire beau il faut faire dans la démesure, nos responsables pensent qu'on peut importer Dubaï à Alger. Des tours somptueuses, des centres d'affaires gigantesques. On a vu les projets immobiliers proposés par les groupes émiratis, saoudiens ou koweitiens ; leurs maquettes font peur. Elles donnent l'air de vouloir « bouffer » toute la côte algéroise. Il est vrai que pour l'instant ' tant mieux d'ailleurs ' aucun des projets n'a pris forme, mais si un jour ils venaient à se réaliser, il faudrait alors songer à trouver un autre nom pour la capitale ; Alger ne sera plus Alger ! Elle aura perdu toute sa blancheur et surtout son identité au profit d'un gigantisme qui ne lui sied pas. Peu de communication a été faite sur ces ensembles immobiliers destinés, comme on a tendance à le répéter ces derniers temps, à donner un autre visage à la capitale. Mais tout porte à croire que derrière ces plans qu'on annonce ça et là, le souci de pourvoir Alger d'un ensemble urbanistique homogène est totalement absent tant les investisseurs se présentent avec des plans clés en main. Chacun pointe, en fait, avec sa propre vision du visage futur de nos côtes qui devrait transformer la carte postale de la Blanche.Evidemment, les autorités, ayant l'obsession de donner l'image d'une économie qui se porte superbement bien, attirant même les capitaux étrangers, se prêtent au jeu pour meubler une actualité des affaires bien maigre en faisant de la pub pour des projets gigantesques qui restent, toutefois, au stade de simples promesses. Mais l'économie algérienne, qui doit certainement consacrer une part à l'immobilier, ne doit pas par contre se focaliser sur ce type d'investissements. Bien qu'on ne puisse pas demander à un boulanger de faire le métier de serrurier, c'est aux pouvoirs publics qu'il incombe de répertorier les priorités de notre machine de production. Et il ne serait pas faux de les situer ailleurs que dans le gigantisme immobilier à tout-va. Il est vrai que lorsqu'on est pris dans un tourbillon, l'on s'accroche à n'importe quoi pour assurer la survie. Mais l'Algérie pouvait bien se passer du superflu. Elle en avait et elle en a toujours les moyens. Pour avoir orienté l'investissement public presque exclusivement vers les grandes infrastructures de base, le pays paie aujourd'hui le prix de ces choix inopportuns. Ses maigres revenus hors du secteur des hydrocarbures renseignent au plus haut point sur l'incurie ambiante.
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