Algérie

Le gentleman se retire



Il était déjà bien mal en point mais avait accepté de nous recevoir pour un entretien aussi intéressant qu’éprouvant (voir «L’artiste gentleman», El WatanArts & Lettres, 5 juin 2010). Peu après, le ministère de la Culture avait pris toutes les dispositions pour sa prise en charge médicale. Il s’était retrouvé à l’hôpital de Aïn Taya, entouré de la sollicitude des médecins et des infirmiers. Ironie du sort, il s’y était retrouvé, à un moment, voisin de son oncle maternel, Cheikh Abderrahmane Djillali, historien, homme de religion et de culture, avant que celui-ci ne décède. Cela n’était sans doute pas pour favoriser le rétablissement fragile de Louaïl pour qui cet oncle était non seulement un modèle mais celui qui encouragea sa carrière artistique. Né au cœur de Belcourt (Alger) en 1933, plus précisément à Laâquiba, son père était un menuisier machiniste qui lui donna le goût de la belle ouvrage, tandis que sa mère lui transmit le patrimoine culturel citadin dont elle était dépositaire. C’est à l’école Darwin (auj. Benzineb) de Belcourt que ses dessins sont déjà remarqués. En 1942, en plein débarquement des troupes alliées, il adhère aux Scouts musulmans algériens et, la même année, entre au collège du Champ-de-Manœuvres (auj. lycée El Idrissi) où va s’affirmer sa vocation artistique. C’est donc naturellement qu’il aboutit, à partir de 1948, à l’Ecole des Beaux-arts d’Alger où il aura Mohamed Racim comme professeur et Mesli, Issiakhem, Bouzid, Kara-Ahmed et Yellès comme compagnons. Louaïl a reçu une formation artistique complète, touchant aussi à la musique puisqu’il fut élève du grand Fakhardji, au théâtre en tant que décorateur ou à la littérature, en tant que lecteur passionné… Suivra l’époque parisienne à partir de 1957, cette «bohême laborieuse» qui l’immerge dans l’art moderne et contemporain. En 1962, il rentre au pays. L’année suivante, il est membre fondateur de l’UNAP (Union nationale des arts plastiques) et, en 1964, il crée le musée de l’Enfant où il a vécu jusque-là en tant que conservateur. Il se consacra longtemps à cette mission au détriment de sa création.
Il laisse une œuvre singulière et talentueuse où se mêlent plusieurs techniques et genres avec des thématiques traitées de manière particulièrement originale. La levée de son corps aura lieu aujourd’hui au musée des Beaux-arts où sa dépouille sera exposée à partir de 11h, avant l’enterrement au cimetière tout proche de Sidi M’hamed dont la clôture est presque attenante à sa maison natale. Entre les deux, si peu de distance, mais 81 années de droiture et d’aventure artistique.


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