Algérie

Le génocide version Yves Lacoste



Yves Lacoste, considéré comme le «père» de la géopolitique française, rejette cette «accusation» qu'il qualifie de «sans fondement». «Ce fut une guerre dure, mais il n'y avait pas discours génocidaire», a-t-il déclaré dans un entretien accordé au journal électronique Metro France. Dans sa tentative de minimiser la gravité des massacres commis par l'ancienne puissance coloniale, cet historien et géographe se livre à  un exercice «arithmétique». «Ainsi, dira-t-il, au lendemain de la guerre, on a parlé d'un million de morts, les historiens les plus partisans de l'indépendance de l'Algérie parlent de 500 000 morts sur une population de 9 millions d'habitants musulmans. Ce n'est donc pas comparable avec le génocide projeté puis mis en œuvre par l'Empire ottoman contre les Arméniens de 1915 à  1917. Autre argument de M. Lacoste : le FLN et les nationalistes algériens n'ont jamais eu ce discours.» Il ajoute que la conquête française de l'Algérie avait «des formes de génocide», mais jamais il y avait eu une extermination programmée comme c'était le cas en Arménie ! Il considère ainsi qu'il n'y avait pas eu en Algérie une intention délibérée d'extermination de la population. «On a parlé d'une centaine de milliers tués en 1945, ce qui est déjà énorme, mais qui ne correspond pas du tout à  15% de la population algérienne, sinon cela aurait fait 1 million de morts», a-t-il argué. Tuer 45 000 personnes en un jour n'est-il pas une œuvre génocidaire ' Visiblement non pour M. Lacoste qui met en avant le volume réduit de la population algérienne à  l'époque coloniale. «En 1830, la population de l'Algérie était sans doute aux alentours de 3 millions d'habitants. En 1870, on en dénombre 2,5 millions», a-t-il relevé.
En voulant forcer l'argumentation, l'historien se contredit. Tout en excluant tout génocide, il admet que la diminution de la population d'un demi-million en 38 ans a été causée par «les famines». Des famines, ajoute-t-il encore, qui ont été causées par «les incendies des terres et les épidémies. Ces incendies ont été l'œuvre du tristement célèbre maréchal Bugeaud qui a mené, reconnaît M. Lacoste, une politique de la terre brûlée qui a pris des formes de génocide dans l'ouest de l'Algérie». Il a cependant oublié de parler du fameux chef de bataillon, Lucien de Montagnac, qui s'était illustré par sa brutalité à  l'égard des populations locales. Ce chef militaire avait écrit en 1943 ceci : «Selon moi, toutes les populations qui n'acceptent pas nos conditions doivent àªtre rasées, tout doit àªtre pris, saccagé, sans distinction d'âge ni de sexe : l'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le pied.» Sans commentaire !


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