Algérie

Le général Mohamed Touati réplique à Belaïd Abdeslam



Le général Mohamed Touati a décidé de sortir de sa réserve et de répondresur les colonnes du journal « Le Soir d'Algérie » à toutes les accusationsportées contre lui par l'ex-chef du gouvernement Belaïd Abdeslam à travers unepublication de 321 pages diffusée on line, il y a de cela quelques jours.Evitant de personnaliser la polémique, le général en retraite met enrelief la nature de la rancune que lui tient M. Abdeslam, née, selon lui, d'unedivergence constatée entre les deux hommes qui ne se sont croisés que durantles années chaudes de la décennie noire. Dans ses réponses, le général Touaticommencera par rappeler quelques vérités sur son parcours en remontant jusquependant la guerre de libération nationale en citant des faits et destémoignages. En ces temps de bombardements massifs, d'extermination et de terrebrûlée, M. Mohamed Touati fera remarquer que son antagoniste se trouvait àLausanne et son seul fait d'armes est d'être parmi les fondateurs de l'UGEMA etd'avoir appelé les lycéens et étudiants algériens à déserter les établissementsscolaires de l'occupant et regagner le maquis. Il lui remémora en outre qu'il aété tiré de l'oubli par le président Boumedienne en lui confiant le secteur del'Industrie et de l'Energie. Puis, c'est le néant et la traversée du désert.Quant aux allégations sur ses contacts avec le Trésor français, MohamedTouati déclare: « En 1993, mes seuls contacts avec les fonctionnaires françaisse limitaient aux formalités de police et de douane à Orly ». Il rappelle àBelaïd Abdeslam qu'il fait sûrement fausse route car un autre Touati, portantle prénom de Ali, qui occupe actuellement le poste de vice-gouverneur de laBanque d'Algérie, a accompli de 1991 à 1996 plusieurs missions, lorsqu'il étaitdirecteur général des changes. D'ailleurs, ce dernier se souvient encore duscepticisme des spécialistes provoqué par les contorsions tendant à inventerdes montages financiers inédits, spécifiques et atypiques, et inévitablementhypothétiques.Résultats ? Ce chef du gouvernement a laissé l'Algérie en cessation depaiement larvée, obligeant la Banque d'Algérie à recourir à la pratiquepérilleuse des « suspens ». Cette méthode consiste à cumuler des arriérés depaiement « par roulement » sans dépasser une périodicité de soixante jours etéviter d'être déclaré en sinistre, échappant ainsi à de très lourdes sanctionsfinancières. Grâce à quoi et par cumulation des arriérés de paiement, on a pu «gonfler » notre niveau de réserves de change à 2 milliards de dollars US aumoment de la cessation de fonction du chef du gouvernement.C'est sur le terrain de la gestion de la dette extérieure que s'estappliqué le général pour descendre en flammes l'argumentaire de BelaïdAbdeslam. La question qui était à l'époque au centre d'une polémique était lasuivante: fallait-il opter pour le rééchelonnement ? Pour ceci, Mohamed Touatis'appuiera sur les conclusions d'une rencontre d'experts algériens appelés à seprononcer sur la question. Le diagnostic effectué par ces derniers relèvequ'avec un milliard de dollars de dépôts privés, il ne resterait rien en caissesi les factures avaient été honorées à échéance.Toujours au titre des rappels, le Conseil consultatif national a eu droitaux critiques les plus acerbes pour avoir osé demander ce qu'il adviendrait del'Algérie si le prix souhaité du pétrole n'était pas au rendez-vous.Ainsi, l'alternative au rééchelonnement de la dette extérieure n'étaitqu'une forme de pari hasardeux à très court terme sur un baril à 22 $ pendantcinq ans ! Pour un nationaliste, engager ainsi et pour si longtemps son payscomme on engage une mise au poker n'est certainement pas prudent ! C'est mêmeexagérément risqué !Quant à accuser le gouverneur de la Banque d'Algérie de « trahison » pouravoir été « incapable » de remplacer toute la monnaie fiduciaire en circulationen quelques mois, ceci relève bien de l'incompétence en la matière, del'irresponsabilité et de l'ingratitude.Au registre des relations de travail et l'accusation portée par l'ex-chefdu gouvernement contre son adversaire après sa cessation d'activité au cabinetdu chef du gouvernement, Mohamed Touati reviendra sur cette épisode enrappelant qu'un groupe de travail a été constitué sous l'appellation de «groupede réflexion et de proposition», dont les tâches ont été fixées par le chef dugouvernement. Ces dernières consistaient à suivre particulièrement la situationdes atteintes à l'ordre public et à la sécurité.Le motif de mon retrait de ce groupe à la fin 1993, retrait approuvé dureste par Belaïd Abdeslam, est le fait qu'il s'agissait de la mise en place duprogramme de protection des DEC que j'avais proposée, qui non seulement n'avaitpas été réalisée, mais qui n'intéressait ni le ministre de l'Intérieur del'époque ni celui de la Sécurité. Bilan: 39 DEC assassinés. J'ai cessé depuiscette séance de travailler avec cette équipe en disant que «je n'étais pas làpour tenir les statistiques des assassinats. Depuis cet incident, je n'aijamais remis les pieds au cabinet du gouvernement. Bien qu'il m'ait faitparvenir un rapport du ministre de l'Intérieur préconisant d'opérer un choixentre les stratégies politique et sécuritaire exposées dans le document datantdu 12 mai 1993 ».« Contre toute attente, Belaïd Abdeslam accuse son antagonisted'immixtion dans ses prérogatives économiques alors que dans l'inventaire destâches à consentir au groupe de travail sécuritaire, il s'agit de rassemblertous les éléments susceptibles de permettre au gouvernement de prendre lesdécisions qu'impose la situation, qui englobe les questions sécuritaires qui nepeuvent être dissociées des aspects économiques », devait encore expliquerMohamed Touati.Quant à la lutte anti-corruption, Mohamed Touati répond à Belaïd Abdeslamen rappelant qu'en tant que membre du groupe de travail et de réflexion, il arefusé de prendre part à l'élaboration d'un texte de portée législative relatifà cette question, considérant que cela sortait du cadre initial des missionsretenues pour ce groupe de travail et qu'il ne s'agit pas uniquementd'envisager des mesures plus répressives pour pouvoir enrayer le phénomène dela délinquance, y compris celui de la corruption, car il ne peut y avoir delutte sérieuse contre ce fléau si on exclut leur prise en charge dans touterecherche de solution.Dans ses réponses, le général en retraite a dévoilé que « l'ex-chef dugouvernement, en me recevant dans sa résidence de Djenane-El-Mufti, me proposele poste de ministre de l'Intérieur. Une offre que j'ai déclinée pour desraisons politiques et une autre d'ordre économique. Cette position s'expliquepar le fait que je suis fidèle à la proclamation du 14/01/1992 et au mandatrestant du HCE tel que prévu, alors que l'interlocuteur voulait saprolongation.Secundo, il fallait sortir du triptyque du pouvoir: HCE, gouvernement et,dans une mesure discrète, l'ANP. Tertio, au plan de l'économie, je lui airépondu clairement que s'il avait mis au point un plan d'économie de guerrecomme annoncé, peut-être que son programme d'austérité avait des chances desuccès. Or, ce n'était plus le cas.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)