Khalifa Haftar a aujourd'hui le vent en poupe. Son récent coup d'éclat, «Dignité», l'a propulsé aux avant-postes. On le croyait définitivement mis aux oubliettes.D'abord, suite à sa destitution du titre de chef d'état-major de l'armée libyenne. Ensuite après l'échec de son appel en février dernier, à travers une vidéo diffusée sur internet, au gel de toutes les institutions officielles en Libye. Cet appel a poussé le chef de gouvernement de l'époque, Ali Zeidan, à demander son arrestation pour «complot contre l'Etat». Le général «dissident», qui renaît pour ainsi dire de ses cendres, est même potentiellement présidentiable dans une Libye déchirée par les tiraillements entre tribus, milices et intérêts divergents des puissances étrangères. Bien que ne bénéficiant d'aucune sympathie auprès des masses libyennes, qui ne le connaissent d'ailleurs pas, ni de son élite intellectuelle, dont la majorité le considère comme un agent de la CIA, ayant passé une vingtaine d'années aux Etats-Unis suite au fiasco de ses troupes (Armée de Haftar) au Tchad, qui devait faire le sale boulot des Américains contre El Gueddafi. C'était pendant la fin des années 1980.Depuis, les temps ont changé, le vieux général (71 ans) est rentré au bercail en mars 2011 et, vu son expérience militaire, il a été vite promu chef d'état-major des armées du Conseil national de transition (CNT). Et, même après la prise du pouvoir par les rebelles, Haftar a été nommé chef d'état-major, au bénéfice de la lutte entre les ex-commandants de l'armée d'El Gueddafi et les nouveaux commandants rebelles. Démis de ses fonctions par le gouvernement Al Kib, le général Haftar a préservé ses liens avec ses compagnons d'armes, ce qui lui a permis de monter une petite armée qui a investi la base aérienne de Rejma, près de Benghazi. Haftar se proclame de l'Armée nationale libyenne. Le mardi 13 mai, il a même reçu un avion biélorusse de munitions et son porte-parole, le colonel Mohamed Hijazi, a déclaré que «ces munitions étaient destinées à l'Armée nationale».Mi-rebelle, mi-militaire, un concours de circonstances très complexe a bien servi la cause du vieux général. D'abord, les troupes du ministère de l'Intérieur, notamment les forces spéciales, ont subi plein de torts de la part des terroristes d'Ançar el charia, qui ont assassiné des dizaines des membres de la sécurité. Par complaisance, le Congrès national général n'a pas bougé le petit doigt pour défendre ces forces et débloquer les fonds nécessaires au ministère de l'Intérieur pour lutter contre le terrorisme.Ensuite, le malaise est passé au gouvernement, dont les programmes sont bloqués à cause du refus du CGN de voter la loi de finances 2014, alors que plus de quatre mois se sont déjà écoulés. Même l'ex-chef de gouvernement, Ali Zeidan, qui a ordonné son arrestation en février dernier, se retrouve destitué et occupe une position d'allié potentiel. Si l'on ajoute à cela que les citoyens libyens en ont ras-le-bol et tiennent au rétablissement de la sécurité dans le pays, pierre angulaire de toute reprise socioéconomique, on peut dire que le général Haftar a fait le bon choix en proposant l'initiative «Dignité».Elle est en effet parvenue à réunir les citoyens et la société civile, à la recherche de quiétude, et un large spectre de la société politique, offensée par les man?uvres des Frères musulmans. Et comme les Libyens ont adhéré en masse à cette initiative, encouragés par l'engouement populaire au thème de la sécurité, les militaires et forces de sécurité y ont également vu une échappatoire contre le terrorisme qui les guette. Le général Haftar est donc parvenu à rallier près de 70 000 hommes et il fait peur à toutes les forces en place. Khalifa Belgacem Haftar se voit déjà le «Al Sissi libyen». Il fait même l'éloge du général égyptien et le compare à Abdel Nasser pour pouvoir appartenir au cercle de ses adeptes. Mais est-ce que les politiques libyens vont le laisser faire '
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Posté Le : 25/05/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mourad Sellami
Source : www.elwatan.com