Le gendarme du "monde libre"

La plus grande démocratie du monde est la plus grande usine d'espionnage.C'est ce paradoxe politico-militaire que l'arsenal diplomatique du département d'Etat présente comme un modèle de défense des valeurs du "monde libre" face à des menaces externes, qui sont souvent instrumentalisées, voire créées par ce même système. Les Etats-Unis d'Amérique sont sans doute les plus compliqués des establishments politiques de la planète. La démocratie et les libertés sont sacrées. Mais comme chaque chose a ses limites, les USA reconnaissent aussi les leurs.
Si les révélations de WikiLeaks ont mis mal à l'aise beaucoup de partenaires et de pays "amis", le scandale mis à jour par Edward Snowden concernant l'espionnage des données téléphoniques et mailing, y compris des pays alliés, conforte cette image de "gendarme du monde" qui colle à la réputation des Américains.
Le président Obama s'engage à réformer le Patriot Act dont les dispositions ressemblent fortement à celle d'un état d'urgence, mais dans le même temps, jamais les agences de renseignement n'ont été aussi florissantes et productives que sous l'ère du premier chef d'Etat noir dont le discours a été axé sur la vérité et la lutte contre les injustices. La distinction de prix Nobel de la paix, dont il a prématurément bénéficié en 2009, n'a pas servi à la fermeture du centre de Guantanamo. Elle le sera moins pour la révision du Patriot Act.
Au-delà des exigences de la lutte antiterroriste qui supposent des dispositifs de sécurité adaptés face à l'évolution des techniques de la mouvance terroriste, les USA ne peuvent sacrifier ou du moins compromettre leur position dominante dans le monde à travers la maîtrise des nouveaux outils technologiques et d'Internet qu'ils ont eux-mêmes créés et mis en service. C'est une question de pouvoir qui ne peut être négociée ou remise en cause par quelle considération qu'elle soit, l'intérêt du complexe militaro-industriel étant au-dessus de tout. Il s'agit entre autres de la capacité des Américains à prévoir des changements ou à les susciter un peu partout sur la planète. C'est la raison pour laquelle il serait naïf de croire que l'establishment US pourrait changer ou muter. Ne dit-on pas que celui qui contrôle l'information, détient le pouvoir.
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