Le gage de la communion

Ce n'est certainement ni au peuple algérien ni français d'être incommodés par la fine bouche manifestée par le régime monarchique de Rabat en déclinant l'aide spontanée proposée à la population marocaine envahie par le désastre.La France avait pourtant mieux à faire pour animer un soutien logistique envers une partie de sa société en prise aujourd'hui avec une réelle misère.
Ce sont les milliers de familles blotties dans les montagnes de l'Atlas, obligées par le tremblement de terre de dormir sous les pluies et le froid, le ventre creux à la belle étoile, d'être terriblement affectées par la manifestation d'un des signes les plus sauvages de la féodalité. La seigneurie monarchique ne pouvait avoir un autre visage que celui qui démontre que son peuple n'avait de raison de vivre que celle d'être otage.
L'autre drame décapant la conscience est que le peuple soit un objet de troc et de monnaie d'échange.
Qu'un monarque se pavane sans retenue dans ses châteaux en France et que des milliers de Marocains s'éreintent à trouver une tente pour s'abriter n'importe pas. La monarchie en fait une constante de son pouvoir comme une pratique courante au moyen-âge.
Le pouvoir marocain est évidemment libre de ses choix et de l'organisation de l'aide qu'il reçoit. Mais organiser et planifier sa démarche au détriment de son peuple n'est pas concevable.
Elle est d'autant plus regrettable quand il s'agit de refuser une aide solidaire spontanée et sans la moindre arrière-pensée. Lui tourner le dos ne fait qu'élever l'honorabilité et la hauteur de la sagesse de ceux qui l'ont offerte.
Il restera cependant ces larges témoignages de compassion et de solidarité que le peuple algérien a adressés au peuple marocain. Du haut des monts de l'Atlas et des plaines de l'infortunée Marrakech, le message a été reçu. Sans doute est-ce là le meilleur gage de communion.