Algérie

Le gâchis sud-soudanais!



Le gâchis sud-soudanais!
Le Soudan du Sud - qualifié du label de «plus jeune Etat» du monde - étrennait, hier, dans le sang et les larmes le cinquième anniversaire de son indépendance, l'arme au pied. Est-il temps de se demander comment les choses en sont arrivées à cet extrême' Une certitude néanmoins, les Sud-Soudanais se sont mis dans l'incapacité durant les cinq années de leur jeune indépendance (dont deux et demie en état de guerre) de mettre à profit leur diversité culturelle et ethnique pour dépasser leur rivalité politique et idéologique. Il n'en fut rien. Les querelles de clochers ont pris le dessus induisant l'une des guerres les plus improbables dans un continent plus que meurtri par des luttes de leadership hors de raison. Surtout pour un peuple qui sortait d'une sanglante guerre de 23 ans (1983-2005) avec le Soudan. Plutôt que de penser à reconstruire un pays désarticulé par les affrontements, redonner espoir à leur peuple, les dirigeants de la jeune République se sont attachés à asseoir leur suprématie personnelle sur le partenaire et en même temps adversaire politique. Cette rivalité s'est cristallisée autour des fortes personnalités du président Salva Kiir [ethnie Dinka] et de son vice-président Riek Machar [ethnie Nuer] ouvrant, depuis décembre 2013, sur une guerre dont les victimes sont encore les Sud-Soudanais et un jeune pays qui avait tout à créer. Le gâchis sud-soudanais est exemplaire de cette Afrique inapte à faire fructifier ses différences pour en faire des tremplins pour le mieux-être de ses peuples. Kiir et Machar n'avaient que le sang et la destruction à promettre et à donner, car ils ne voyaient pas plus loin que leurs intérêts étroits aux dépens de ceux de leur peuple et du pays qu'ils prétendaient sortir de la misère et du sous-développement. C'est la violence et son corollaire la dévastation que ces deux hommes ont offert à leur pays. Ce n'est pas sans raison que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a vitupéré contre ce qui se passe au Soudan du Sud désolé par «un espoir trahi (...) par ceux qui ont placé le pouvoir et le profit au-dessus (des intérêts) de leur peuple». Quel contraste en effet avec la fierté et l'espoir avec lesquels les Sud-Soudanais fêtaient le 9 juillet 2011, l'accession de leur pays à l'indépendance! Ce qui aurait pu et dû constituer une richesse pour leur pays [les ethnies qui se partagent le territoire] s'est avéré une calamité pour un peuple qui n'en pouvait...mais! A quoi donc peut se résumer le destin d'un peuple et d'un pays - dont le quart de la population dépend de l'aide humanitaire internationale - pris en otage par les appétences de mégalomanes qui ont placé leur devenir au-dessus de ceux de leur peuple et de la République' En deux ans et demi de guerre il y eut des milliers de morts - curieusement, aucun bilan des morts n'a été établi par les autorités sud-soudanaises alors que les ONG les estiment entre 100.000 et 150.000 victimes - et près de trois millions de déplacés sur une population de 11,3 millions d'habitants. Des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis au Soudan du Sud. Qui en payera le prix' L'ONU, dont les agences tentent de secourir la population cible des exactions, tant de l'armée gouvernementale que des rebelles, ne peut que constater les dégâts et dénoncer une guerre dont l'objectif reste d'installer à la tête du pays [pour des décennies] l'un des deux hommes qui se battent [par armées officielle et privée opposées] pour la domination du pays. Ce ne sera pas une exception. L'Afrique a été, dès l'aube des indépendances, mise sous coupe réglée par des «hommes forts» qui ont instauré les plus longs règnes connus dans le monde, créant des «républiques monarchiques». Au Soudan du Sud, Salva Kiir et Riek Machar n'aspirent et ne font qu'appliquer que ce qui, en Afrique, est devenu une norme: la présidence à vie. Ce ne sont pas les dinosaures qui président aux destinées de plusieurs pays africains depuis plus de trois décennies qui démentiront le fait. Jusqu'à quand doit-on continuer à dire «c'est ça l'Afrique»' Ce qui confirme le postulat que l'Afrique et - avec elle le petit dernier Etat - le Soudan du Sud, sont plus que jamais mal partis!


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