Algérie

Le gâchis



Les pouvoirs publics ont fini par céder à quelques revendications des syndicats de l'éducation les jugeant, à travers un communiqué officiel du ministère de l'Education, tout à fait légitimes. Dès lors pourquoi n'y avoir pas répondu dès la première heure, ce qui aurait évité cet immense gâchis : de précieuses semaines de cours perdues, des maîtres d'école traumatisés par la vue de casques bleus fonçant sur eux avec leur matraque et toute une population inquiète de la scolarité des enfants et en même temps bouleversée par la réponse répressive aux exigences de gens qui dispensent le savoir. Les pouvoirs publics finiront, également, à coup sûr, par satisfaire aux demandes des spécialistes de la santé qui se battent tout autant avec force et courage. Là aussi, immanquablement, un communiqué de leur tutelle reconnaîtra qu'ils étaient dans leur bon droit.Ce sera pour tenter d'effacer d'un trait de plume des mois de mépris et des pertes incommensurables dans les structures de santé publique. Ce qu'on appelle la mauvaise gouvernance c'est tout cela : l'incapacité pour l'autorité politique de déceler la justesse d'une cause dès qu'elle s'exprime, le recours aux tergiversations et aux faux-fuyants dans le but de susciter lassitude et découragement chez les protestataires et enfin l'usage systématique de la répression, y compris contre des revendications exprimées pacifiquement. Cette propension à user du bâton n'a épargné aucune catégorie sociale, pas même les aveugles malmenés, il y a quelque temps, devant le Palais du gouvernement.Ces derniers étaient assez naïfs de croire que l'autorité politique pouvait avoir du c'ur devant des non-voyants et par conséquent leur ouvrir les portes de leur blockhaus. Lorsque les tenants du pouvoir n'écoutent plus les clameurs du peuple, le divorce qui s'installe conduit inévitablement à la confrontation avec des conséquences désastreuses. L'émeute fait partie du décor algérien et la population s'est appropriée de cet argument : pour être écouté des autorités, dit-on volontiers, il faut occuper la voie publique et attaquer à coups de pierres les forces de police. La culture du pneu brûlé s'est substituée à la culture du dialogue. Le pays s'est installé depuis bien longtemps dans cette spirale infernale, ruineuse en énergie, argent et temps. Le pouvoir politique semble s'en accommoder en l'absence de toute alternative. C'est au demeurant le propre des régimes bien installés dans l'autoritarisme.


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