Algérie

Le futur président pris au dépourvu '



À moins d'une quinzaine de jours de l'élection présidentielle du 12 décembre, le pouvoir continue de prendre des décisions importantes pour l'avenir du pays. Alors que les candidats sont en campagne électorale, le gouvernement en charge des affaires courantes adopte un nouveau projet de loi important.À l'issue d'une réunion du Conseil des ministres tenu mardi, la présidence de la République a annoncé la création de 10 nouvelles wilayas et de 44 wilayas déléguées. Du coup, les candidats à l'élection présidentielle hériteront d'une organisation politico-administrative à laquelle ils n'auraient pas pensé, pour laquelle, du moins, ils ne mènent pas campagne.
En effet, dans les programmes des cinq candidats, il n'est fait aucunement mention de promesse de découpage administratif. Evoquant notamment les difficultés sociales des populations, les postulants à ce scrutin n'évoquent que rarement le développement des régions éloignées.
C'est le cas de certains d'entre eux qui promettent notamment des projets visant à désenclaver les zones rurales des Hauts-Plateaux et du sud du pays. Le projet validé par le Conseil des ministres, qui n'a, en fait, que repris un vieux projet de Bouteflika, n'a quasiment suscité aucune réaction.
À l'exception d'Abdelkader Bengrina, qui s'est publiquement positionné sur la question. Depuis Médéa où il animait une rencontre hier matin, le candidat du parti islamiste El-Bina a, en effet, estimé que l'actuel chef de l'Etat n'avait pas la "légitimité" pour traiter des sujets aussi sensibles.
Ce n'est pas la première fois que les autorités prennent des décisions importantes sans attendre l'issue de l'élection présidentielle. Il y a une vingtaine de jours, le Conseil des ministres avait adopté la loi, controversée, portant sur les hydrocarbures. Une décision qui a suscité des critiques de toute la classe politique, y compris de la part des candidats à l'élection présidentielle. Ali Benflis avait, par exemple, estimé que l'adoption de cette loi devait être laissée au président qui sera élu. Abdelaziz Belaïd avait fait de même. Même Azzedine Mihoubi, dont le parti a toujours soutenu les choix du régime, avait émis des réserves. Il a notamment recommandé l'ouverture d'un large débat avec des experts sur le sujet. En vain. Les autorités ont fait passer la loi au sein du Parlement avec le consentement des deux principaux partis du pouvoir, à savoir le FLN et le RND.
Cette précipitation dans l'adoption des lois qui peuvent pourtant attendre l'arrivée du nouveau pouvoir, laisse poser des questions sur la stratégie des autorités. Cela suscite même des doutes, d'autant plus que, sur le plan financier, la création de nouvelles wilayas nécessite des dépenses conséquentes que le Trésor public devra supporter. C'est au moins la preuve que les autorités actuelles ne gèrent pas que les affaires courantes.

Ali Boukhlef


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