Algérie

Le FSIE compte ses souscripteurs,les placements attendront



Le Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (FSIE),150 millions de dinars de départ, mobilise l'épargne des salariés du secteur public algérien pour leur assurer un complément de revenu à la retraite. Dans l'intervalle il doit fructifier cette épargne en conduisant des placements «rentables» et «bien gouvernés». Une tâche peut être plus compliquée que celle, actuelle, de drainer des souscripteurs.

Mohamed Tessa, le directeur général du Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (FSIE), poursuit sa belle lancée. Il a réussi à convaincre les autorités algériennes de dupliquer dans le pays une success story canadienne. Idée simple, les épargnants, salariés, généralement affiliés à une organisation syndicale, ont réussi en cumulant cotisations et placements éthiques, à constituer un des fonds d'investissements les plus puissants du Canada. Le FSIE, crée par la loi de finance de 2005, est au début du chemin. Mais les premières conquêtes sont déjà là. Invité au forum d'El Moudjahid, la semaine dernière, Mohamed Tessa pense atteindre le nombre de 40 000 souscripteurs à la fin de l'année. 8 millions de dinars d'actifs sont engrangés, à ajouter aux 150 millions de dinars de capital de départ accordés par l'Etat pour le lancement de l'expérience. Le FSIE, qui a l'UGTA comme partenaire dans le processus de levée de fonds, a réussi un premier coup d'éclat en signant une convention avec le syndicat UGTA de la BADR Bank, ce qui lui apporte les souscriptions de 6300 travailleurs affiliés. Le conseil d'administration du FSIE a décidé de faire des secteurs des banques, de l'assurance, de l'énergie et de l'industrie, des secteurs cibles pour la mobilisation de l'épargne des travailleurs. Une “convention d'entente” pour mettre en Å“uvre une retenue à la source pour les souscripteurs volontaires au FSIE a été signée en mars dernier entre ArcelorMittal Annaba et le Fonds. ArcelorMittal devrait, à travers son syndicat, assurer la cotisation au fonds de 30% à 40% de ses employés. Plusieurs promesses d'adhésions au FSIE, de collectifs entiers de travailleurs se profilent pour l'année prochaine. L'augmentation des revenus des salariés ces trois dernières années, la détente relative sur le logement, et la faiblesse des offres d'épargne venant du secteur bancaire donnent aux gestionnaires du FSIE une bonne visibilité du processus de mobilisation de l'épargne des travailleurs. Cependant, le partenariat avec la seule UGTA, une centrale certes toujours dominante dans les secteurs d'activité ciblés, mais généralement en perte de vitesse, peut s'avérer dans le moyen terme comme un obstacle à de belles opportunités d'accès à des gisements d'épargne dans le monde du travail.

Seules les SPA, et pas toutes, sont éligibles

Le grand souci pour le FSIE et son enthousiaste directeur général, Mohamed Tessa, n'est cependant peut-être pas là. Il s'agit en effet pour le fonds de fructifier les fonds levés. Or, la loi ne lui permet de placer que 50% de ces fonds. Les autres 50% sont pour ainsi dire en situation de conservation auprès du Trésor public. «Ce ratio prudentiel de 50-50, n'existe pas dans les autres expériences du même type. Il est trop lourd et gêne plus la rentabilité de cette épargne qu'il ne la protège contre les placements hasardeux» explique un expert financier de passage au dernier salon de la finance à la Safex. Le taux de rémunération des dépôts au Trésor public est réputé, les compagnies d'assurance s'en plaignent également, être plus faible que le taux d'inflation sur la distance des cinq ans. D'autres dispositions légales ont corseté l'expérience du FSIE dans son versant engagement. La plus gênante est sans doute le fait que le fonds n'a le droit de s'engager que dans des SPA dont le chiffre d'affaires est inférieur à 2 milliards de dinars. Ce qui de l'avis de tous réduit drastiquement le nombre des entreprises algériennes qui peuvent accueillir dans leur tour de table des prises de participation du FSIE. Le fonds a pourtant la double vocation de soutenir les PME et la création d'emplois. Son directeur général promet pour autant aux souscripteurs des retours sur investissement «intéressants», et le respect des règles de bonne gouvernance dans le choix des placements. Comme toutes les autres sociétés de placement collectif à capital variable, le FSIE est sous contrôle de la Commission de surveillance des opérations boursières (COSOB). Ces premiers placements ne sont pas encore à l'ordre du jour. L'heure est à la mobilisation des souscriptions. Et à espérer peut-être que les sabots sur les engagements soient levés.


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