Algérie

«Le fruit de l'oisiveté»


Analyse - Le phénomène ne semble pas être l'expression d'un quelconque mécontentement de la part des auteurs, selon la sociologue Nasséra Merah qui répond aux questions d'Infosoir.«Je ne pense pas que lancer des cailloux sur un train de passagers soit l'expression d'un quelconque mécontentement. Si cela représentait une manifestation de colère ils auraient lancé leurs projectiles contre des autorités. On a bien vu, ailleurs, des agriculteurs mécontents lancer des tomates ou déverser de la bouse de vache.
C'est un acte de révolte, une manifestation réfléchie, ordonnée, accompagnée d'une revendication exprimée. Ce n'était pas par vandalisme ni intention de nuire. Dans le cas qui nous préoccupe, ces actes n'ont pas de fond. On manifeste, d'abord pour revendiquer quelque chose ou contre une autorité. Si la revendication était exprimée, comme, par exemple le refus du passage du train à cet endroit, je l'aurais compris, expliqué, peut-être, même, justifié. Je crains fort que ces actes ne soient que le fruit de l'oisiveté.
Qui est elle-même une injustice contre ces personnes. Car qui préfère jeter des cailloux contre le passage du train au lieu de travailler, d'avoir une vie digne et s'amuser ailleurs et de façon plus intéressante et plus valorisante pour soi '», répond notre interlocutrice. A la question de savoir si ces personnes commettent ces actes consciemment, Mme Merah répond : «Le terme conscient n'a pas un seul sens. Si conscient signifie, qu'ils savent qu'ils peuvent blesser quelqu'un, je dirai oui. Si conscient signifie, acte réfléchi, exprimant un mécontentement lié à une revendication exprimée par ces agissements car il n'y a aucun autre moyen de le faire après épuisement de toutes les voies de recours, je dirai non. Ils ne sont pas conscients. Car lancer des cailloux sur un train peut être un acte de citoyenneté.»
«Le train qui transportait des déchets nucléaires n'a pas été accueilli par des fleurs et des fanfares par les militants écologiques. Dans ce cas précis, tous les coups sont permis afin de médiatiser cette action et c'est une mobilisation importante en symbolique», explique la sociologue .
Abordant avec notre interlocutrice le sujet de la préservation des biens publics, celle-ci répond : «Je pense que la préservation des biens publics n'est pas le souci principal des uns et des autres. Même les autorités ne sont pas rigoureuses quant à cette préservation. Il suffit de voir l'état des rues, des bâtiments, mêmes ceux qui représentent les institutions de l'Etat.
La culture de préserver le bien public n'est pas inscrite par les décideurs, sinon la population l'aurait respectée. Si les autorités voulaient éviter ces actes de vandalisme, pensez-vous qu'ils n'auraient pas réussi à réprimer ces actes ' La société de transport n'aurait pas organisé la protection de ses biens, d'une manière ou d'une autre ' Je pense que la population est inscrite dans le même principe que ceux qu'elle a comme gouvernants à tous les niveaux, se servir sans servir et ce qui ne leur sert pas, peut être détruit sans état d'âme.»
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