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Le front social doute


Le front social doute
L'épée de Damoclès reste suspendue sur la tête des travailleursLes Algériens font-ils leur rentrée sociale à retardement'On attendait une rentrée sociale chaude pour le début de l'automne, celle-ci semble être retardée et l'on voit poindre quelques expressions de colère en ce début du mois de décembre. Le coup de gueule des travailleurs de la Snvi résonne toujours dans la zone industrielle de Rouiba. Le travail a repris, mais les syndicalistes ne ferment pas les yeux pour autant. Ils n'arrivent toujours pas à digérer l'article 66 de la loi de finances qui autorise l'ouverture du capital des entreprises publiques.Le climat délétère provoqué par la très médiatisée journée de protestation est en réalité alimentée par les pesanteurs bureaucratiques, qui, disent les travailleurs, empêchent leur entreprise de décoller. Et tant que la Snvi traîne un gros retard dans la satisfaction de son carnet de commande, l'épée de Damoclès restera toujours suspendue sur les têtes des travailleurs de la Snvi et forcément sur leurs nombreux collègues des autres groupes publics. Il faut dire que ces derniers, à quelques exceptions près, connaissent un marasme comparable et sont donc susceptibles d'être contaminés par la crainte qui grandit à vue d'oeil à la Snvi.Moteur de la protesta des travailleurs, la zone industrielle de Rouiba donne le ton à une dégringolade du moral des travailleurs et, partant, à une «radicalisation» syndicale qui n'appelle pas à l'optimisme. D'autant que la loi de finances (LF) 2016 a interconnecté les sphères politique et syndicale. De fait, les travailleurs qui ne s'occupaient jusque-là que de leur pouvoir d'achat en arrivent à consommer un discours politique de l'opposition teinté de «catastrophisme» et dangereusement exagéré sur l'impact de ladite loi de finances sur le devenir de leur outil de travail.Les partis de l'opposition profitent de l'aubaine et s'en vont détruire les thèses du gouvernement dans une sorte de course à la surenchère significative d'un désir assumé de provoquer une réelle fracture entre les Algériens et leur gouvernement. En fait de fracture, celle-ci est désormais visible dans les propos des citoyens de tout bord qui expriment une certaine lassitude de constater que nombre de promesses en rapport avec leur pouvoir d'achat ne sont pas tenues ou arrivent avec un grand retard. En fait, on a l'impression que les Algériens mettent en cause le grand décalage qui existe entre le discours du gouvernement et les réalisations effectives.Dans beaucoup de domaines, le sentiment général est au reproche qu'on fait à l'Exécutif, accusé de perdre un temps précieux, au moment où le pays a réellement besoin que l'on aille vite pour réduire les effets de la crise à moyen terme. L'une des frustrations des citoyens tient dans cette promesse non tenue de relancer le crédit à la consommation. Les arguments discutables qu'avancent les ministres à chaque fois qu'ils sont interpellés sur le sujet agrandissent la fracture entre le gouvernement et la société. De même que la réécriture de l'article 87 bis au lieu de son annulation. Cet épisode a sérieusement ébranlé la confiance d'une grande partie des travailleurs du secteur public et donné de l'eau au moulin des détracteurs du gouvernement qui, loi de finances 2016 aidant, ont trouvé la clé pour entrer dans les complexes industriels et les bureaux des petits fonctionnaires du pays.La dramatisation assumée des conséquences de la LF a donc trouvé un terrain fertile dans les «gaffes» du gouvernement qui a vraisemblablement mal apprécié les réponses légères que les ministres donnent aux principales interrogations du monde du travail. Du coup, tout l'effort fourni sur les transferts sociaux n'aura pas servi à dessiner un sourire sur les visages des Algériens et notamment ceux de la classe moyenne. Résultat: le gouvernement a beau anticipé sur la demande des Algériens, dans une tentative de clamer le front social, il ne parvient pas à faire tomber la pression, ni lever les doutes persistants sur de «mauvais coups» qu'il préparerait. Cela alimente une tension que l'Exécutif estime injustifiable et accuse l'opposition de l'entretenir. Mais le fait est qu'il se dégage une impression de calme avant la tempête, lorsqu'on tâte le pouls de la société.Les Algériens font-ils leur rentrée sociale à retardement ou est-ce une simple averse automnale comme le pays en a vu des dizaines, ces dernières années' En tout état de cause, il y a lieu de relever que les deux camps, pouvoir et opposition ont des arguments et chacun tentera de convaincre les Algériens du bien fondé de son action pour l'un et de son discours pour l'autre.En attendant, les petites poussées de fièvre sociale commencent à poindre ici et là et il faut dire que la conjoncture par laquelle passe le pays autorise toutes les lectures possibles et imaginables.


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