L'Algérie ne s'est jamais trouvée dans une situation de déshérence politique et d'incertitude face à son destin comme elle l'est aujourd'hui, alors que le pays s'apprête à vivre un événement important, censé être déterminant dans la vie d'une nation : l'élection présidentielle d'avril 2014. A quelques encablures de cette échéance électorale, rien dans les signaux politiques qui parviennent du pouvoir ne laisse penser que l'on s'achemine vers l'organisation d'un scrutin libre, régulier et transparent. Bouteflika et son clan ont tout fait pour démobiliser la classe politique, la société civile et les citoyens d'une manière générale, pour lesquels l'acte de voter est devenu une simple formalité administrative.C'est, en effet, un véritable rouleau compresseur que Bouteflika a mis en branle pour pacifier et baliser le terrain, en puisant dans ses ultimes ressources la force nécessaire pour rebondir de nouveau et rappeler à ceux qui l'ont enterré un peu trop prématurément à son goût cette règle d'or : en politique, il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir abattu. La démocratie ne se résume pas seulement à l'acte de voter, au processus électoral, lequel pour être crédible doit pouvoir réunir toutes les garanties d'un scrutin régulier et démocratique. Elle passe d'abord et avant tout par des institutions démocratiques, un personnel politique attaché aux valeurs et principes démocratiques, dont le premier d'entre eux est l'alternance au pouvoir, et un processus politique qui doit fixer un cap sur la base d'un consensus national. Le pouvoir personnel et autocratique dans lequel l'Algérie semble être durablement installée est l'exact contraire de tout cela. Il tire sa force et sa légitimité, non pas de l'urne, mais de l'allégeance d'une clientèle qui se recrute dans les différents segments de la société : politique, militaire, civile'
Personne ne peut contester à un homme politique d'avoir de l'ambition. C'est quelque chose de légitime et de sain. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est le recours détestable à la ruse politique, à de vils procédés, c'est de céder à la tentation à laquelle succombent tous les autocrates de privatiser l'Etat pour des desseins personnels et de clans. Quand on se taille une Constitution sur mesure, quand on improvise, sous la pression des événements, un remaniement ministériel pour placer ses hommes de confiance aux postes de souveraineté qui ont un rapport direct avec l'organisation des élections, quand la vie politique et la bataille électorale prochaine restent suspendue au caprice d'un homme, dont chacun tente, selon sa grille de lecture, de deviner les intentions, on renforce fatalement le camp des abstentionnistes et du boycottage.
Demain, ce sera trop tard : c'est la philosophie qui anime le front du refus de la perpétuation du pouvoir en place avec ou sans Bouteflika qui se met timidement en place dans la société. Des personnalités politiques, d'anciens hauts cadres de l'armée, de partis politiques, des représentants de la société civile tentent, devant la démission collective de la société face à la chose politique, d'agréger leurs efforts pour faire avorter ce que l'on qualifie déjà de nouveau hold-up électoral. Leur leitmotiv : faire barrage à la révision constitutionnelle et à la candidature de Bouteflika. Le combat politique est inégal. Mais cela n'empêchera pas l'histoire de s'écrire, même si c'est au singulier.
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Posté Le : 25/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com