Algérie

Le fracas de l'histoire



Le fracas de l'histoire
Pourtant d'une importance cruciale dans l'histoire de la guerre d'indépendance, la période de l'OAS (Organisation de l'armée secrète) n'a pas jusque-là intéressé notre cinéma. Avec le documentaire «OAS, la haine et le sang», Ramadane Iftini et Sami Allam viennent mettre un terme à ce «vide».Connu dans le milieu artistique comme un gentleman, Ramdane Iftini présente un parcours diversifié conduit par la passion. Journaliste, éditeur, libraire (il a ouvert trois librairies depuis l'âge de 25 ans), il s'est investi ensuite dans la production et la réalisation cinématographique, créant en 2007, toujours avec Sami Allam, «Hnifa, une vie brûlée» (52'), film consacré à la cantatrice de la chanson kabyle.Pour sa part, Sami Allam s'est fait connaître en tant que comédien de théâtre, métier qu'il exerce encore, avant de s'intéresser au cinéma après la réalisation de clips. «OAS, la haine et le sang» est donc la deuxième ?uvre de ce duo. Le documentaire reconstitue les derniers moments de «l'Algérie française», portée par la furie des ultras de l'OAS. On apprend notamment comment cette organisation criminelle, proche des modèles fascistes, résulte d'une évolution qui remonte au moins en 1954 avec la constitution des premières milices.On voit apparaître ainsi les premiers groupes armés, indépendants des forces de sécurité françaises, mais entretenant avec elles, via des officiers et soldats, des liens profonds qui serviront plus tard à l'OAS. Chronologique, le documentaire s'emploie à dérouler et expliciter, notamment à travers l'historien Foued Soufi, les conditions de naissance de cette organisation, créée à Madrid en février 1961. L'ambition didactique du film embrasse tous les éléments d'une histoire complexe et douloureuse.Le premier niveau porte sur la situation interne de l'Algérie avec la montée en puissance de la guerre d'indépendance et l'exacerbation de la répression. Le second s'attache à la situation en France qui subit les effets de la guerre d'un point de vue économique (10 à 15 % du PIB), humain (un demi-million de soldats mobilisés) et institutionnel, avec une crise politique qui fera chuter la IVe République. Enfin, le troisième niveau est celui du contexte international : l'agression franco-britannique sur le Canal de Suez en 1956, la guerre diplomatique menée par le GPRA, le jeu des puissances, etc.Tout est mis en place, archives à l'appui, pour développer alors l'histoire de l'OAS, reconstituée avec un assez bel équilibre entre la minutie et la synthèse. On y apprend beaucoup, comme la paternité de la formule «La valise ou le cercueil» créée par Joseph Ortiz, dirigeant de l'OAS, et non le FLN, comme les ultras se sont attachés à le faire croire.La partie la plus prenante sans doute réside dans le témoignage de Rabah Zerari, dit Commandant Azzedine, qui explique l'attitude des Algériens et de leur organisation face à la furie meurtrière de l'OAS. Celle-ci ne visait pas moins qu'à provoquer dans les grandes villes les Algériens à déferler sur les quartiers européens pour amener l'armée française à intervenir et rendre ainsi caducs le cessez-le-feu et les accords d'Evian. Si le commentaire est parfois trop écrit et trop rapide devant l'avalanche de faits et informations, «OAS, la haine et le sang» est un documentaire de qualité, à la fois instructif et bien mené, qui devrait être vite diffusé à la télévision.




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