Le fossé se creuse entre "football algérien" et "football en Algérie"

Un début d'été amérindien. Une fin d'été amère. Au sublime a succédé le cruel. D'un côté, l'épopée brésilienne dont on se délecte toujours et qui demeure délicieusement inoubliable. De l'autre, la fin de la saison estivale au pays qui est astringente et qu'on a toujours du mal à digérer. La faute à une succession de malheurs qui risquent d'altérer la sublime image d'un Mondial réussi, gravée dans la mémoire collective nationale, régionale et internationale. C'est à croire que ce football estampillé DZ est décidément maudit.Sinon, comment expliquer qu'au moment où il réussit la meilleure performance de sa riche histoire déjà longue de plus de soixante ans, il est rapidement rattrapé par les drames, les scandales et les mauvais choix qui lui valent des blâmes et des sanctions à l'échelle internationale 'Ceux qui s'essoufflaient en enchaînant les superlatifs après les inoubliables prestations des Verts au Brésil ont déjà épuisé leur vocabulaire péjoratif à force de lexique dépréciatif, notamment de l'autre côté de la Méditerranée où la presse française s'est déchaînée par quelques articles-brûlots qui ont eu pour effet immédiat d'internationaliser ce qui semble être une descente aux enfers du foot DZ après les belles promesses d'un Mondial réussi.Il ne pouvait, cependant, en être autrement. Surtout lorsque le championnat national d'un récent participant aux 8es de finale du tournoi planétaire connaît, dès son deuxième round, un drame de la dimension de celui qui a endeuillé la famille d'Albert Ebossé.L'Algérie du football ne pouvait, non plus, échapper au feu nourri des critiques lorsqu'un de ses arbitres les plus en vue, Bitam en l'occurrence, remet son drapeau, son badge et son maillot en pleine compétition officielle pour dénoncer le président de la Ligue nationale et son alter ego de la commission d'arbitrage qu'il a, du reste, flingués par des déclarations embarrassantes évoquant des affaires scabreuses.Aussi, le sport roi en Algérie ne pouvait-il pas garder sa couronne luisante lorsque des accusations bilatérales de corruption pleuvent à chaque week-end sportif autant, sinon plus, qu'atterrissent des projectiles de divers diamètres sur les têtes des semblants de supporters qui se bagarrent à la sortie des stades-arènes. D'incorrigibles écorchés vifs qui ont (ré)introduit la mort dans les stades d'Algérie au moment où son équipe nationale faisait (re)naître la flamme dans le c?ur de tous ceux qui aiment le beau football. Le feu d'artifice de Porto Alegre et l'exploit de Curitiba ne semblent plus suffire comme points de repères de la nouvelle Algérie du football. Le drame de Tizi Ouzou où il y a eu mort d'homme et le canular de Bordj Bou-Arréridj où l'immoral s'est mué en remords ternissent salement la belle image qu'a laissée la bande à Halilhodzic au Brésil. Il n'y a qu'à revoir certaines manchettes de la presse européenne pour s'en apercevoir. Car, si "au bled", on discerne distinctement entre l'EN dont la grande majorité des éléments est importée et ce qui se passe dans les stades 100 % algériens, ce n'est pas le cas à l'étranger où les deux antipodes sont pourtant considérées comme les deux faces d'une même et unique pièce.D'où ce regard suspicieux, voire haineux, vis-à-vis de ce football algérien qui a, visiblement, dilapidé le plus gros de son capital sympathie amassé lors du tournoi de Rio.Fort heureusement, aux croyances et certitudes qu'ont désormais les observateurs internationaux sur ce "football en Algérie" qui ne progressera apparemment jamais tant qu'il n'endiguera pas radicalement les maux qui rongent la société qui en fait son opium, répondent, chaque week-end sportif, chaque soirée de C1 et C2, les ambassadeurs du "football algérien" sous le ciel étoilé européen. Les coups d'éclat de Yacine Brahimi et de Hilel Soudani confirment, étrangement, cette thèse. Celle d'un fossé qui s'est profondément creusé entre le "football en Algérie" et le "football algérien". Un football algérien qui compte, fait historique, les actuels meilleurs buteurs des poules de la Champions League et de l'Europa League avec trois buts chacun après seulement une journée. Et un football en Algérie qui compte ses morts, ses blessés, ses scandales, ses erreurs et ses errements.NomAdresse email