Algérie - Béjaïa

Le fort Sidi Abdelkader



Le fort Sidi Abdelkader
Le **Fort de la Mer** (ou Fort Abdelkader) est probablement d'origine hammadite et a toujours joué un rôle clé dans le dispositif défensif de la ville. Restauré par les Espagnols vers 1512, ce fort colossal, aux murs épais, assurait une défense bien organisée de Béjaïa. Il faisait partie des trois points formant le triangle défensif irrégulier mis en place lors de l’occupation espagnole. Le fort dominait non seulement la place d’ancrage, mais servait également de poste d’observation stratégique. De là, tout mouvement de bateau approchant du cap Bouak en direction de la ville pouvait être repéré.

Construit probablement par les Hammadites sur des vestiges romains, le **Fort Abdelkader** occupait une position stratégique, permettant aux différents pouvoirs médiévaux (Hammadites, Almohades et Hafsides) de surveiller les navires. Il servait également de garnison. Cependant, c’est après l’occupation espagnole que le fort joua un rôle déterminant. Pedro de Navarro, conscient de son importance stratégique, ordonna sa restauration, qui fut achevée en 1514.

Au 17e siècle, **Sidi Abdelkader El Nadjar**, fils du wali **Sidi M'hamed Amokrane**, vécut à Béjaïa. Considéré comme l'un des religieux les plus vénérés de son époque, on associait son nom aux lieux qu’il fréquentait. C’est ainsi qu’au 19e siècle, le fort prit le nom de Fort Abdelkader. Selon le Chevalier d'Arvieux, envoyé extraordinaire du roi Louis XIV, Sidi Abdelkader était perçu comme un saint par les Turcs et les Maures. Il prêchait la paix et jouissait d'une grande réputation, à tel point que le Dey d'Alger lui confiait son sceau pour les passeports.

Sidi Abdelkader, surnommé **El Nadjar** en raison de son implication dans la construction navale, possédait une concession forestière à Barbacha, offerte par le pouvoir ottoman en reconnaissance de sa protection aux fonctionnaires turcs en difficulté à Béjaïa. De cette forêt, il expédiait le bois destiné à la construction de bateaux.

Le **mausolée de Sidi Abdelkader** se trouve au sommet du fort, là où il a été enterré. Construit par les habitants de Béjaïa après sa mort, le mausolée est aujourd’hui un lieu de vénération et de pèlerinage. Chaque mercredi matin, de nombreuses personnes viennent s'y recueillir. Les femmes, en entrant, se regardent dans un miroir déformant qui est censé effrayer pour faire disparaître leurs peurs. Elles se couvrent ensuite de l'étoffe recouvrant la tombe de Sidi Abdelkader, mettent de l’argent dans une tirelire pour la paix, puis mangent des dattes et de la tamina avant de descendre à la **Khaloua**, où l’on dit que Sidi Abdelkader prêcha pendant 40 ans sans se nourrir ni sortir. Elles y font des vœux, espérant qu’ils se réaliseront.

Parmi les traditions de Béjaïa, il était coutume que le cortège de la mariée passe sous le tunnel soutenant le fort pour obtenir la bénédiction (**Baraka**) de Sidi Abdelkader. Autrefois, une fontaine située à l'intérieur du mausolée était censée purifier les âmes, effacer les péchés et apporter la paix.

Aujourd’hui, le **Fort Abdelkader** est occupé par les gardes-côtes de Béjaïa, mais il demeure un témoin important de l'histoire de la région.


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