Algérie

Le foot, un sacerdoce politique



Le foot, un sacerdoce politique
A la veille du match décisif de qualification d'hier, contre le Sénégal, pour le prochain tour de la CAN, le pouvoir était terrassé à l'idée de l'élimination de l'équipe nationale de football. Surtout que les ambitions de départ affichées par le staff technique et la Fédération visaient le sacre continental et rien d'autre. Comme lors du match décisif de qualification à la Coupe du monde face à l'Egypte lors de l'épopée d'Omdurman, au Soudan, les politiques, bien plus que les supporters des Verts, se tenaient le ventre, priant pour que la réussite soit au rendez-vous à la faveur du match contre le Sénégal.C'est que le pouvoir a toujours utilisé la rente pétrolière et les performances footbalistiques des Verts comme antidotes politiques pour amortir les chocs qui agitent la société.Dans le long processus de dépersonnalisation et d'acculturation de la société algérienne, le football ? ou plus précisément le onze national ? apparaît comme le seul marqueur identitaire qui reste à la jeunesse.Le pouvoir l'a bien compris en ne rechignant pas sur le budget des Verts dans le seul et unique but d'arracher des résultats qui feront retentir l'hymne national dans les compétitions continentales et internationales.En ces moments de doute lié à la crise multiforme que traverse le pays, le pouvoir a un besoin vital d'une éclaircie qui viendrait illuminer le ciel gris chargé de gros nuages qui menacent la stabilité précaire du pays.L'instrumentalisation politique du football en Algérie a culminé avec l'arrivée de Bouteflika aux affaires.La mobilisation des institutions de l'Etat ? dont l'ANP à travers le pont aérien mis en branle dans des délais record pour acheminer au Soudan des bataillons de supporters algériens ? donne la mesure de la place stratégique que revêt l'équipe nationale de football dans le processus de légitimation politique du pouvoir.Rappelons-nous les slogans à la gloire de Bouteflika et les images de l'emblème national qui avaient envahi nos balcons et nos rues comme on n'en avait jamais connu depuis l'indépendance de l'Algérie ! Et pour montrer qu'il s'agit bien là d'un attribut de la souveraineté nationale, l'Etat va même jusqu'à faire sponsoriser l'équipe nationale de football par une entreprise publique ? Mobilis en l'occurrence ? alors qu'ailleurs, les fonds des fédérations de sports, toutes disciplines confondues, sont alimentés par des financements privés.Cette immixtion du politique dans le sport a été poussée à un point extrême, jusqu'au choix des joueurs et du système de jeu suggérés ou imposés par-dessus les épaules des staffs techniques, dans les bureaux capitonnés. Est-ce que le président de la Fédération algérienne de football est fondé, au regard de ses attributions, à interpeller le coach sur la non-titularisation de certains joueurs laissés sur le banc de touche 'Cette transgression des lois régissant le fonctionnement du sport n'est pas propre à l'Algérie.Tous les Etats en mal de légitimité puisent dans le registre du football, sport de masse par excellence, dans l'espoir d'en tirer quelques dividendes politiques Qu'aurait-on fait si on avait des stars de la trempe de Pelé ' Les autorités brésiliennes n'ont pas cherché à récupérer à des fins politiques ou politiciennes cette star mondiale du football, qui a mis son expérience au service du sport dans le monde en sa qualité d'ambassadeur des Nations unies. A méditer.




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