Qui remportera demain la finale de la coupe d'Algérie de football ' On verra bien, mais espérons d'abord un beau match. Cela dit, la beauté est déjà là dans les quartiers généraux des deux protagonistes, Bab El Oued pour le MCA, et Hussein Dey pour le NAHD.Quel spectacle éclatant que ces pavoisements populaires aux couleurs des deux clubs, vert et rouge pour le premier, jaune et rouge pour le deuxième. Banderoles, guirlandes, drapeaux, fanions, étendards, autocollants, étals de tenues, écharpes, casquettes et tout ce merchandising abondant qui ? aberration et paradoxe ? profite à des affairistes avisés et non aux équipes concernées ! Mais, bon, gardons ces images flamboyantes qui respirent la joie et le besoin de lumière, de couleur, de musique et d'expression des Algériens.Cette formidable pulsion de vie anime avant tout les jeunes comprimés par tant de contraintes, de rigidité et de surdité administrative et qui ne trouvent à exulter que dans les circonvolutions sur 6500 m2 de gazon d'un icosaèdre tronqué (désolé, c'est le nom scientifique de la forme d'un ballon de foot) de 22 cm de diamètre, et ce, une fois de temps à autre contre des calendriers entiers d'ennui et de désarroi.En clin d'?il à la coupe, vous trouverez cette présentation d'un ouvrage sur l'Entente de Sétif (lire p. 15), éliminée de l'épreuve qu'elle a quand même remportée huit fois, dont les deux premières éditions de l'Indépendance. C'est le seul club qui a inspiré une ?uvre d'art avec le sympathique film Kahla ou Beïda (1978) de Abderrahmane Bouguermouh. Le titre renvoie aux couleurs du club, le noir du deuil des massacres du 8 Mai 1945, le blanc de la pureté. Car, à l'instar de tous les clubs nés avant l'indépendance, dont bien sûr le MCA (1921) et le NAHD (1947) qui s'affrontent demain, l'Entente (1958) fut un creuset de patriotisme.Dès les débuts du XXe siècle, le mouvement nationaliste avait pris conscience de l'importance du sport et de la culture. D'innombrables passerelles furent établies entre les deux mondes, et l'exemple du cheikh Abdelhamid Ibn Badis qui avait soutenu la création de clubs de sport à Constantine comme de troupes de théâtre et de musique ou des publications littéraires, reflétait alors une démarche largement pratiquée. Le mouvement des Scouts musulmans algériens (SMA) en fit également une règle de conduite, mêlant les choses de l'esprit à celles du corps. Et le FLN historique demeura dans ce sillage, créant la première équipe nationale ainsi qu'une troupe artistique polyvalente. Aujourd'hui, les ponts ont été coupés entre un monde du football surmédiatisé dont on s'offusque peu des énormes gabegies et un monde de la culture où le moindre gaspillage (sans le justifier bien sûr) crée un tollé d'indignation. Mais ne gâchons pas notre plaisir de cette grande fête du football demain. Il devrait rester assez de jours pour penser. Allez les Rouges, en vert ou en jaune !
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Posté Le : 30/04/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com