Algérie

LE FOND ET LA FORME



Le président tunisien est-il raciste'
En s'insurgeant avec des mots forts contre les vagues migrantes des Subsahariens dans son pays, il a provoqué un tollé récriminatoire y compris en Tunisie. Victime de son franc-parler, il s'est attaqué, sans prendre de gants, à une migration clandestine qui, laisse-t-il sous-entendre, le perturbe à plus d'un titre.
Il n'a pas utilisé de demi-mots et s'est éloigné en la circonstance du langage diplomatique soigné jusqu'à irriter l'Union africaine elle-même, qui a estimé non sans reproches que le chef de l'Etat tunisien a fait preuve d'un dérapage langagier outrancier.
Dans la forme, les griefs lancés sans retenue sont justifiés. Un chef d'Etat doit avoir la mesure des mots quand on sait que ses réflexions et ses commentaires sont toujours soumis aux pesées des balances de bijoutiers. Mais dans le fond, les propos du président tunisien obéissent au curage d'un phénomène migratoire prenant de l'ampleur dont on ne dit pas tout, en se contentant de ressasser une obligation humaniste à laquelle le monde entier est soumis.
Le tort de Saïed serait de s'être limité dans son élan de colère au constat primaire des aboutissants d'une lourde situation sans en divulguer ses tenants et ses profondes articulations.
Bien renseigné, il devait certainement savoir que son pays faisait face à un commerce esclavagiste où des enfants subsahariens étaient achetés et revendus dans leurs pays pour être utilisés, une fois transférés, comme des outils de mendicité.
Il a été prouvé que des circuits criminels subsahariens hautement organisés ont planifié de larges cercles de monnayage d'êtres humains, de femmes et d'enfants pour des exodes vers le Maghreb, en tablant sur la pitié et la charité.
Le phénomène a peu à voir avec l'errance dramatique des populations chassées par la sécheresse et la famine ou par les conflits armés et contraintes de s'abriter sous d'autres cieux pour sauver leurs vies.
La mauvaise colère du président tunisien est cependant condamnable a priori, mais elle est celle d'un chef d'un Etat qui a des énormes difficultés à ordonner une charité pour son propre pays.


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