Algérie

Le fonctionnement de la phalange El Farouk en question : Procès demain des auteurs des attentats du 11 décembre



Le fonctionnement de la phalange El Farouk en question : Procès demain des auteurs des attentats du 11 décembre
Très attendu, le procès des auteurs présumés des attentats du 11 décembre 2007 à Alger, contre le siège du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun et les bureaux de l'ONU à Hydra prévu, demain, au tribunal criminel près la cour d'Alger, s'annonce très révélateur. Les huit accusés, qui vont comparaître (les huit autres sont en fuite), sont des membres présumés de la redoutable phalange El Farouk, dirigée par Abderrazak Bouzegza, qui avait à son actif en plus des deux attentats kamikazes du 11 décembre 2007 (voir notre édition du jeudi 17 juin 2010), de nombreux autres actes terroristes dont ceux ayant ciblé les employés de la société algéro-américaine, BRC, ceux de la l'entreprise française Razel et des attaques contre les membres des services de sécurité, notamment à la périphérie est de la capitale. Le principal accusé, Bakour Fouad, est présenté, par l'enquête judiciaire et celle préliminaire, menée par les officiers de la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) d'Alger, comme étant le plus important membre présumé de l'organisation, qui aurait fait les plus importantes révélations sur le fonctionnement, l'organisation des attentats et des projets d'attentat, les méthodes de recrutement, mais également la stratégie de terreur adoptée par le GSPC, ou Al Qaîda pour le Maghreb islamique (AQMI), dirigé par Abdelmalek Droukdel, dont le nom est cité au procès.Les autres membres présumés de l'organisation terroriste, qui vont comparaître jeudi prochain, ont confirmé devant la police et le juge d'instruction du pôle judiciaire spécialisé près le tribunal de Sidi M'hamed, les révélations de Bakour Fouad et ont même fait état d'autres détails qui lèvent le voile sur les phalanges de la mort. C'est ainsi que certains d'entre eux ont fait des aveux sur l'attentat contre les employés de Razel à Lakhdaria et l'attentat Kamikaze contre la caserne de la même ville, ou encore l'attentat manqué qui a ciblé le chef de la police judiciaire près la sûreté de wilaya de Boumerdès, le 28 mars dernier. Selon toujours le dossier judiciaire, c'est dans une maison abandonnée à Bouguerai, commune de Souk El Had, à Boumerdès, que les réunions se tenaient sous la direction de Bouzegza et d'autres chefs terroristes de la région, que Bakour Fouad ou encore Khouchane Youcef transportaient à bord de leurs véhicules, le premier une Opel Astra (puis une 607), le second une Chevrolet, d'un endroit à un autre entre les wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès. Ainsi, à propos de l'attentat kamikaze mené contre la caserne de Lakhdaria, certains accusés auraient affirmé que Bouzegza avait envoyé Bakour Fouad acheter une Mazda bâchée qu'il lui a été remise le jour même à la sortie de Lakhdaria, avant de l'acheminer vers le maquis. Bakour aurait déclaré avoir appris de la bouche de Bouzegza que ce véhicule a été utilisé dans l'attentat kamikaze, qui a visé une caserne à Lakhdaria.L'attentat manqué contre le chef de la police judiciaire de BoumerdèsAu cours de ses déplacements avec Bouzegza, ce dernier parle de son désir d'assassiner le chef de la police judiciaire de Boumerdès, Ali Badaoui. Pour lui, l'officier est devenu l'ennemi numéro un du fait des frappes importantes qu'il assenait à l'organisation depuis des années. Il charge alors les deux frères Fouad et Lamine Bakour ainsi que Khouchane Youcef de guetter les déplacements de la cible. Au bout de quelques jours, ils se rendent compte que celle-ci déplaçait chaque matin son véhicule du parking, derrière la cité où elle habite, jusqu'à l'entrée de l'immeuble. L'idée de placer une bombe sous la voiture est retenue. Il faut juste terminer les derniers détails de la surveillance et informer le chef Bouzegza que Khouchane et Bakour vont rejoindre au douar Bouguerai.Ils le trouvent en compagnie de Hamzaoui Rabah. Il leur remet un engin explosif prêt à l'utilisation sur lesquels étaient collés deux téléphones mobiles pour la mise à feu à distance. Au parking de la cité où réside le commissaire, Bakour et Khouchane ont du mal à coller l'engin sous la voiture du commissaire. Ils reviennent à Bouguerai et lui font part de ce problème. Il décide alors de changer de plan. La bombe sera déposée sur l'itinéraire de l'officier. Bakour, son frère et Khouchane vont d'abord surveiller les déplacements du commissaire durant une semaine, avant que l'endroit de l'explosion ne soit retenu. Bakour Fouad va accompagner Bouzegza jusqu'à Seghirat où il achète une bonbonne de gaz butane et son frère a récupéré les explosifs auprès de Hamzaoui. Bouzegza confection la bombe dans le chalet même qui appartient à Bakour Fouad. Le lendemain celui-ci et Bouzegza inspectent une dernière fois l'itinéraire. Bouzegza est déposé par la suite à Bouguerai. Le soir du 27 mars 2007, Bakour transporte la bombe à bord de son véhicule jusqu'à Boumerdès. Il est précédé par Khouchane à bord de la voiture de son père. Celle-ci est en fait un véhicule de service dont il a bénéficié au titre d'élu de la commune de Belouizdad. Les deux (Bakour et Khouchane) font l'itinéraire de la cible. Une fois la voie libre, la bombe est placée non loin de la salle omnisports de Boumerdès, passage obligé du commissaire. Le lendemain, à 6h, Lamine Bakour se charge de guetter le commissaire, pour informer son frère Fouad de son arrivée et lui donner le signal pour actionner l'engin. Après la fin de l'opération, il rentre avec Khouchane qui l'attend de loin. A 8h55, la voiture de l'officier arrive. Bakour actionne l'engin, il rate sa cible et se blesse grièvement à la jambe. Il se traîne sur 50 mètres, avant d'être récupéré par Khouchane qui l'emmène d'abord chez lui à Corso pour changer ses vêtements, ensuite au centre de santé d'El Madania, d'où il est dirigé vers l'hôpital Mustapha. Après avoir été soigné, il rejoint l'appartement vide de sa cousine à Zéralda et, quelques jours après, son domicile à Corso où il y reste durant des jours pour soigner sa blessure.Attentat contre les employés de RazelA peine remis de ses blessures, Bakour est contacté par Bouzegza qui le convoque (lui et Khouchane) à la maison abandonnée à Bouguerai, à bord de la 307 (de Khouchane). Une fois sur les lieux, Bouzegza s'installe dans la voiture et lui demande de l'emmener à Douéra où il avait un rendez-vous avec quelqu'un. Ce dernier l'attendait à bord d'une Maruti grise. Les deux disparaissent durant 30 minutes. Lorsqu'ils reviennent, Bouzegza informe ses acolytes qu'il venait d'acheter un camion Jac au prix de 500 000 DA enregistré sous un faux nom. Les trois rentrent à Bouguerai. Au mois de juillet 2007, Bakour vend son Opel Astra, sur demande de Bouzegza, pour acheter une Peugeot 607. Il lui ajoute une somme de 500 000 DA afin de compléter le prix. Au mois de septembre 2007, il l'accompagne à Beni Douala pour rencontrer Harek Zoheir dit Sofiane Fassila, le stratège militaire du GSPC, abattu par les forces de sécurité en décembre 2007.Il les transporte à Lakhdaria et en cours de route, Harek lui conseille d'acheter une Mazda bâchée pour l'utiliser dans un attentat contre des étrangers. Il le charge d'accompagner le terroriste Ghidane Khemis, dit Abou Bakr Abderrahmane de Tizi Ouzou jusqu'au marché de véhicules de Tidjelabine. Ce qu'il fit le 20 septembre 2007. Mais c'est Bakour qui négocie et c'est Ghidane qui ajoute la somme de 200 000 DA pour compléter le montant de la Mazda achetée puis enregistrée à Ouled Moussa, avant d'être remise à Harek. Quelque temps après, Bakour apprend par Fassila que le véhicule en question a été utilisé contre le bus transportant le personnel de Razel à Lakhdaria. Il lui demande de faire part de la « réussite » de l'opération qui a causé des blessures à onze personnes dont cinq gendarmes à Bouzegza, ce qu'il a accompli le jour même.


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