Algérie

Le foncier paralyse promoteurs et acquéreurs


La problématique du logement en Algérie se pose toujours avec le même degré de gravité depuis des décennies. Où se situe la faille ' Pourquoi l'offre du marché immobilier demeure inférieure aux attentes ' Pourquoi le citoyen algérien n'arrive-t-il pas à acquérir un logement sans passer par une chaîne d'obstacles ' Pour essayer de donner corps à cette problématique, le forum d'El Moudjahid a réuni hier autour d'une table ronde les principaux acteurs intervenant dans le domaine de l'immobilier. Abdelhamid Boudaoud du Collège national des architectes estime que « depuis 1962 nous sommes toujours dans le domaine de la crise du logement, et ce, parce que le problème a été mal géré à la base ». « Au final on se retrouve avec des travailleurs et fonctionnaires qui n'arrivent pas à se payer un appartement. Il faut 75 ans de travail pour un cadre et sans toucher à son salaire, pour qu'il puisse avoir un logement, telle est la situation aujourd'hui », indique M. Boudaoud qui regrette l'absence d'une véritable stratégie du logement. Il précise en outre que l'aide de l'Etat devrait toucher le citoyen qui n'arrive pas à suivre la folle ascension du prix du foncier. « Le mètre carré est cédé à des prix affolant, 140 000 DA le mètre carré à Chéraga et 150 000 à Batna. Sans oublier la demande énorme des matériaux de construction, notamment le ciment dont la demande annuelle pour le parachèvement des constructions inachevées s'élevant à 1,175 million est de l'ordre de 12 millions de tonnes. » Le représentant du Crédit populaire algérien, Rachid Metref, estime pour sa part que le foncier demeure l'épine paralysant le secteur. Il note que dans les pays où l'immobilier est réglementé, le prix du mètre carré équivaut au SNMG. « Chez nous, ce prix a atteint dans certains cas 220 000 DA, soit dix fois le SNMG. Le marché du logement est donc biaisé », dit-il. « Aucun spécialiste ne peut avancer si les prix du foncier sont dans la norme ou pas, car nous ne sommes pas dans un marché réglementé. Pour avoir un bon marché immobilier, il faut un bon marché du foncier, car la matière première de la construction c'est le terrain. Le problème en Algérie est de ne pas savoir qui vend, qui achète et qui décide des prix . » Et d'ajouter : « En dépit de tous les assouplissements adoptés et des mesures prises pour dynamiser le marché de l'immobilier et faciliter ainsi l'accès à la propriété, nous n'avons pas réussi à atteindre l'équilibre entre l'offre et la demande.Et avec toute la volonté des pouvoirs publics pour créer une demande solvable, le crédit à l'immobilier ne couvre en réalité que 20 à 30% du prix du logement. » Le représentant du ministère de l'Habitat a tenté de défendre la politique de développement du secteur en signalant entre autres points, la bonification du taux d'intérêt pour l'octroi de crédits immobiliers. Il soulignera en outre au sujet du foncier que seul le marché est habilité à décider des prix. « L'Etat n'est pas seul propriétaire du foncier, il a cédé des terrains à bas prix, la question est de savoir pourquoi ces nouveaux détenteurs du foncier ne le mettent pas sur le marché », indique M. Ferroukhi. D'autres représentants de banques publiques, notamment la CNEP et la BNA, ont plaidé pour l'encouragement du financement du segment de crédits à la location pour faciliter l'accès au logement. Les promoteurs immobiliers ont de leur côté dénoncé l'absence d'encouragement de l'Etat. M. Sahraoui estime à ce titre que « la promotion privée ne bénéficie d'aucune exonération et souffre de la difficulté d'acquisition du foncier contrairement aux promoteurs inscrits dans les programmes LSP. Ceci et de relever la faiblesse du pouvoir d'achat des Algériens, avec 20, 30 ou 40 000 DA, le citoyen ne peut acquérir un logement. Il faut relever les salaires à hauteur de 100 000 DA pour pouvoir avoir une vie décente, mais malheureusement nous ne sommes pas un pays productif », dit-il. C'est là un aveu d'échec des politiques du logement appliquées jusqu'à ce jour, et ce n'est vraisemblablement pas au niveau du crédit immobilier que réside la solution.
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