Le foncier doit hanter les esprits

Il fut une période où les wilayas entraient dans une concurrence entre elles et présentaient chacune ses atouts pour attirer les investisseurs. C'est peut-être un paradoxe, mais c'était en pleine période d'un terrorisme qui montait en puissance, que les wilayas entraient le plus dans la concurrence. A quoi serait due cette compétition alors qu'il n'y avait pas d'assemblées élues, ni locales, ni de wilaya, ni centrales. Il n'y avait ni APC ni APW, ni APN, ni Sénat, ni édifice institutionnel légitime et cela semblait mieux marcher du point de vue des mobilisations. Mais, le foncier n'arrêtera pas de hanter les esprits, et pas seulement pour ce qui concerne l'habitat. On sait que la disponibilité du foncier peut être un instrument de concurrence pour le développement entre communes. C'était d'ailleurs ce qui avait été prévu juste avant le milieu de la décennie 90, où on avait pensé que le Calpi pouvait être le réceptacle des demandes d'investissement et en même temps l'organe devant en faciliter la mise en ?uvre. Il y eut même à l'hôtel El Aurassi, durant le premier semestre de l'année 1995, une exposition où les wilayas mettaient en évidence leurs atouts pour attirer des investisseurs. A l'époque, il n'était pourtant pas question de rareté du foncier puisque les wilayas disaient pouvoir offrir, à travers les calpi, les meilleures opportunités d'investissements. Or, il se trouve aujourd'hui que le foncier est devenu une denrée rare. Que s'était-il passé alors entre-temps pour que le foncier disparaisse en terme de disponibilité ' Il y a eu d'abord la politique de mise à large disposition des lots de terrain à bâtir en individuel et celle-ci a été grande consommatrice de terrains. A l'époque donc, plus particulièrement lorsque le ministère de l'Intérieur faisait gérer les communes par des DEC, la tendance générale était à tout transformer en lots de terrain à bâtir, histoire d'occuper les citoyens dans des projets de longue durée dans un contexte où la crainte existait que les frustrations socio-économiques allaient davantage offrir des bras armés et la logistique aux groupes armés auteurs de la violence. Un autre fait a été également grand consommateur de foncier. L'arrêt de l'exode vers les villes a permis de fixer les populations sur place et faire croître l'urbanisation dans les petits villages et campagnes qui sont devenus des villes. La forte urbanisation fera à terme rapprocher les villages pour en faire de grandes villes par disparition du foncier disponible. C'est du moins ce qui apparaît à l'observation. Il y a également des communes qui ne disposent pas de foncier pour lancer des projets de développement du fait que celui-ci est partagé entre le domaine forestier et le domaine privé, ce dernier étant issu de l'héritage. La question se posera plus crûment quand il va falloir accumuler les projets de construction de logements de grande envergure.