Algérie

Le foncier dans le viseur des enquêteurs



Tout Bouira sait qu'un directeur de l'exécutif a empiété sur la cour d'un CEM quand il a construit sa villaLa wilaya de Bouira dispose d'une panoplie d'opportunités. L'existence d'une zone industrielle, de 15 zones d'activités demeure un facteur avantageant l'émergence d'une activité industrielle variée en mesure de créer la richesse et de résorber le chômage.
La wilaya de Bouira dispose d'une panoplie d'opportunités. L'existence d'une zone industrielle, de 15 zones d'activités demeure un facteur avantageant l'émergence d'une activité industrielle variée en mesure de créer la richesse et de résorber le chômage. L'université de Bouira s'est lancée il y a quelques années dans la mise en place d'un laboratoire en charge de projeter à l'avenir le rôle de l'université dans la mise en place d'une dynamique industrielle pour développer la région. Entre les dires et les faits il y a un fossé. La chute libre du coût du baril, la crise multidimensionnelle, rendent la tâche difficile. Les politiques avaient toujours exigé de l'administration l'ouverture de ses portes aux investisseurs.
Le premier frein à l'investissement
Le passé terroriste de la wilaya a été un facteur démobilisant qui a freiné sensiblement l'investissement. Malgré les larges facilités accordées par les pouvoirs publics, notamment les abattements fiscaux et parafiscaux, l'octroi d'assiettes foncières en zone d'activité, l'allègement des procédures administratives, les investisseurs ne se bousculent pas aux portes à Bouira. Parmi les raisons essentielles de cette absence, la sécurité. Avec l'avènement de la concorde civile, les lois portant rétablissement de la paix, la wilaya s'est dépourvue de son étiquette de wilaya à hauts risques. La délinquance et le grand banditisme ont pris le relais et menacent les riches. Même si Bouira n'a connu qu'un seul cas de kidnapping d'un entrepreneur de M'Chedallah, vite libéré suite à une forte mobilisation, la recrudescence des actes de vol, d'agression ont grandement influé sur la volonté des investisseurs qui préfèrent aller ailleurs. Craignant d'être des cibles potentielles des bandits, les nantis évitent de montrer des signes ostentatoires de leur aisance. Parce que la wilaya est petite et ses agglomérations limitées où tout le monde se connaît, les quelques familles riches capables d'investir choisissent d'aller exercer dans des grandes villes où le risque d'être repéré demeure limité. Une soixantaine de riches agriculteurs ont choisi par exemple la wilaya de Biskra.
Bouira semble avoir été rattrapé par les scandales du foncier, remontés à la surface à la faveur du Hirak. Comme nous l'avions rapporté depuis plus de trois années, la zone industrielle de Sidi Khaled dans la commune de Oued El Berdi, daïra d'El Hachimia, à une dizaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya, a été retenue pour dynamiser l'investissement industriel. Devant la forte demande, les pouvoirs publics ont créé une extension pour répondre aux doléances des investisseurs. Une autre zone plus importante est même lancée plus au sud à Dirah, toujours avec le souci de donner la chance à toute personne qui porte un projet et en mesure de créer la richesse et l'emploi. Les walis se succèdent, mais aucun n'a pu assainir totalement ce dossier. En 2017 on parlait d'une situation plutôt mitigée. Ainsi et selon des bilans de la direction de l'industrie, la zone initiale a retenu des projets programmés, ils sont en majorité en cours de réalisation, sinon à l'arrêt. Ainsi, sur les 82 projets agréés, uniquement 22 sont pleinement opérationnels et représentent plus de 6 milliards de dinars d'investissements sur les 40 milliards prévus initialement. Pour les autres, on compte 33 projets en cours de réalisation, 6 à l'arrêt, 15 non lancés et 7 autres en cours d'annulation. En matière d'emploi, la situation n'est guère réjouissante, car sur les 6000 postes initialement prévus, seulement 2100 ont été créés dans cette zone. Autant dire des miettes par rapport au potentiel intrinsèque.
Un terrain à Bouira...
Le projet le plus étonnant reste celui d'un investisseur qui annonçait la mise en place d'une unité de montage en partenariat avec Iveco, mais qui, une fois l'assiette acquise, est parti s'installer à Boumerdès. C'est aussi le cas d'un représentant d'une firme allemande implanté à travers le territoire national qui a transformé pendant des années son terrain en zone de parking pour ses véhicules. Des sources non officielles parlent de terrains au profit de l'ex-patron du FCE, Ali Haddad, d'un ex-joueur international aujourd'hui donneur de leçons sur les plateaux de chaînes télévision. En ville un terrain clôturé en face de la cour de justice de Bouira appartiendrait au frère d'un ex-wali toujours en exercice. Pour l'histoire, l'ex-directeur de l'agence foncière avait été suspendu et traduit devant la justice. Cette dernière l'a finalement innocenté, mais le scandale du foncier n'est toujours pas totalement élucidé. Toute Bouira sait qu'un directeur de l'exécutif a empiété sur la cour d'un CEM quand il a construit sa villa, mais aucune décision n'a été prise à son égard. Les enquêteurs (si réellement il y a enquête) sauront distinguer les vrais des faux investisseurs. Pour ne pas mettre tout le monde dans un même sac, précisons que Biopharm et un autre groupe spécialisé dans les compléments alimentaires sont sur place et travaillent d'arrache-pied pour réaliser deux mégaprojets. Pour ce qui est du projet d'extension de ladite zone, lequel s'étale sur 190 ha, actuellement il est au stade embryonnaire, car ce n'est ni plus ni moins qu'un vaste terrain vague. Cette extension compte sur le papier 25 investisseurs. Enfin, il y a lieu de noter que son aménagement a été confié à la société Cosider Engineering, pour un montant de 147 millions de DA.


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