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Le FMI inquiet d'une économie mondiale fragmentée, avec l'Europe à la traîne Conjoncture


Près de cinq ans après le début de la crise financière, le FMI a mis en garde mardi contre la fragmentation croissante de l'économie mondiale, écartelée entre le dynamisme des pays émergents, la résistance des Etats-Unis et le décrochage persistant de la zone euro.
Ce tableau morose a une traduction chiffrée: la progression du produit intérieur brut (PIB) mondial est revue à la baisse et devrait atteindre 3,3% cette année, contre 3,5% prévus en janvier et 3,2% l'année dernière, indique le Fonds monétaire international dans son rapport semestriel.
Sans surprise, la zone euro continue de concentrer les inquiétudes de l'institution de Washington, qui tient son assemblée générale cette semaine. A court terme, les risques proviennent principalement de l'évolution de la zone euro, notamment de la suite des événements à Chypre et de la situation politique en Italie", écrit le Fonds, en référence aux deux points chauds de la zone euro.
Le plan de sauvetage international de Chypre, auquel le FMI participe, s'annonce périlleux, tandis que l'Italie n'a toujours pas réussi à se doter d'un gouvernement depuis les élections de février.
A l'heure où les plans d'économies pullulent en Europe, le FMI s'inquiète également d'une "fatigue" liée à l'austérité et du fossé grandissant entre pays de la zone euro, qui pourrait compliquer la marche vers une union bancaire.
Ce n'est pas le seul risque détecté par le FMI. Seule région en récession dans le monde, l'Europe décroche de plus en plus par rapport au reste de la planète, compliquant la coopération entre pays et la recherche de solutions globales.
Une économie "à trois vitesses"
"Ce qui était jusqu'à présent une reprise à deux vitesses forte dans les pays émergents mais plus faible dans les économies avancées devient une reprise à trois vitesses", écrit le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, dans ses avant-propos, où il note un "décalage" croissant entre l'UE et les Etats-Unis.
Affaiblie par des coupes budgétaires automatiques, la première puissance mondiale devrait certes marquer le pas cette année (+1,9%, en baisse de 0,2 point) mais reste dans une situation bien plus enviable, "grâce à une demande intérieure robuste", selon le Fonds.
L'institution juge toutefois "inquiétant" qu'aucun plan crédible de réduction des déficits n'ait vu le jour dans le pays, alors qu'un accord politique sur le plafond de la dette devra être conclu rapidement pour éviter un défaut de paiement.
Les grands pays émergents n'ont pas ce problème. En dépit de prévisions de croissance abaissées en Chine (+8,0%) et surtout au Brésil (3,0%), ils devraient confirmer leur dynamisme cette année et continuer à porter l'économie mondiale.
"La Chine est retourné à un rythme de croissance sain", estime le Fonds.
L'institution relève toutefois une "exception" avec le Maghreb et le Moyen-Orient, où la progression de l'activité devrait ralentir par rapport à 2012 en raison notamment "des transitions politiques" à l uvre dans plusieurs pays avec lesquels le Fonds tente de conclure un accord (Egypte, Tunisie...).
Sorti du front de la croissance, le FMI se félicite que certains déséquilibres mondiaux aient diminué et bat une nouvelle fois en brèche l'hypothèse d'une guerre des monnaies, la jugeant "exagérée". "Le dollar et l'euro semblent légèrement surévalués tandis que le renminbi (le yuan chinois, ndlr) semble être modérément sous-évalué", écrit le Fonds.
A l'heure où le Japon vient d'assouplir sa politique monétaire, le FMI défend à nouveau les mesures prises par les banques centrales pour lutter contre la crise (baisse des taux d'intérêts, injections de liquidités).
S'il récuse toute "bulle financière", il met toutefois en garde contre certains effets indésirables de ces politiques: des prises de risques "excessives" et un possible afflux de capitaux déstabilisateur vers des pays émergents.
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