LE FLOU PROFIL DU NECESSITEUX

Il arrive que des décisions problématiques soient prises en laissant dans leur parcours d'exécution un sentiment d'inachevé parfois à la limite d'un bricolage patent. Il en est ainsi des 10.000 dinars censés profiter à chaque Algérien dans la nécessité. Problème à tout point de vue ardu et son application soulève de sérieux remous et une superbe tracasserie. Dans l'ambiance particulière actuelle, les compréhensions sont viciées et tordues. Nombreux sont ceux qui nourris par un esprit et une culture dominants peuvent s'estimer nécessiteux.L'individualisme et les relents que dégagent les tribunaux et la prison d'El Harrach ont sérieusement contrarié la bonne notion de solidarité et ont développé la méfiance et la suspicion quand l'invitation à l'entraide est mise sur le tapis. A contrario quand une aide est proposée, elle laisse se faufiler une odeur de ruée et c'est à celui qui arrive le premier à en profiter.
D'abord qu'entend-on par nécessiteux et quelles seraient les graduations de la nécessité dans une terrible conjoncture où une pandémie jamais vue jusqu'ici se ligue avec une crise économique devenue impossible à mâcher ' Le profil d'un Algérien nécessiteux était déjà flou sinon très informel comme l'est un pan considérable de l'économie. L'inexistence de normes objectives n'est pas pour aider une juste et rigoureuse répartition financière à ceux qui en ont réellement besoin. Si l'on ajoute l'idée ancrée chez certains qui fait croire que ce qui est distribué est une part d'un butin, on imagine la pagaille née d'un manque de repères qui fausse totalement une telle intervention de l'Etat.
Si une obole est soumise à réclamation, les calculs et les prévisions deviennent faussés. L'aberration transforme le fait de tendre la main en véritable métier et la nécessité se transforme en règle. Cette tendance tient de la phénoménale étendue de la corruption et des effets induits dans les esprits et va jusqu'à imposer une fausse légitimité gravée dans le conscient de la population.
C'est dans ce terrain mouvant que l'Etat est souvent obligé d'articuler ses décisions. Il se surprend parfois au milieu d'un terrain et des acteurs dont il ne maîtrise pas du tout les règles.