Algérie

Le flou persiste encore


Le dossier des subventions de l'Etat revient au- devant de l'actualité, à la faveur d'une information relative au prochain lancement, d'un programme de subventions directes, en compensation d'une suppression des aides de l'Etat, aux plus démunis. Le programme, qui fait partie de l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2021, pourrait être agréé par l'Etat et entrer en vigueur, avant la fin de l'année en cours, croit-on savoir. On parle d'un budget dégagé, à cet effet, de l'ordre de 50 milliards de dinars versé sous forme de «revenus complémentaires» au profit des familles défavorisées et démunies. Le projet serait en retard, si l'on prend en considération les prévisions du ministre des Finances, qui avait arrêté l'échéance du premier trimestre de l'année en cours, pour mettre en application les premières mesures de suppression graduelle des subventions de l'Etat. Cette information vient raviver les craintes et les appréhensions des citoyens, notamment pour ce qui est des dommages collatéraux que pourrait engendrer une telle mesure, en l'absence de mécanismes fiables et rodés pour la mise en branle de cette opération. Ainsi, la question qui se pose aujourd'hui, c'est celle relative aux mécanismes et garde-fous mis en place par le gouvernement pour éviter des exclusions et des injustices à l'égard de larges couches sociales défavorisées. En effet, d'aucuns parmi de nombreux spécialistes estiment qu' «il est impossible de garantir la fiabilité du système de ciblage actuel», qui serait à même d'être révisé. Pour les experts de Nabni, «avec l'actuel système d'information et de ciblage administratif et statistique classique, les risques d'exclusion sont très élevés, à l'égard des couches moyennes, notamment». Pourtant, à travers ses différentes sorties médiatiques, le ministre des Finances avait déclaré que son secteur «a défini les critères ouvrant droit à ce soutien» et que «les conditions d'accès aux produits subventionnés ont été également identifiées», a-t-il confié à maintes reprises, sans pour autant divulguer ces normes et ces critères, ajoutant que «ce n'est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu». Seules précisions rassurantes, le grand argentier du pays rappelle qu' «il n'est pas question que le nouveau modèle de consommation préconisé soit imposé de façon brutale au risque de perturber les habitudes, et semer la panique au sein de la population, surtout que l'Etat va maintenir la subvention sur les produits de large consommation».Au-delà de ces déclarations générales, c'est le manque d'informations qui inquiète le plus, au sujet des mécanismes réels mis en place. L'absence d'un fichier national des familles démunies, la non-fiabilité des enquêtes et des statistiques administratives compliquent la tâche, dans ce sens. Toujours pour les experts de Nabni, «les taux de couverture atteints par ce type de programmes (souvent moins de 20% de la population) sont inadaptés à notre contexte et à notre héritage de couverture sociale universelle. Il est impératif de viser une couverture bien plus large que celle envisagée par le gouvernement, pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens, notamment d'une partie des classes moyennes». Nabni propose, à cet effet, deux alternatives qui pourraient s'avérer bénéfiques et fiables, en dehors d'«un système d'information exhaustif et de capacité adéquate, et d'un programme de ciblage administratif et statistique réel et efficace». Il s'agit de lancer «un ciblage progressif de tous les ménages déclarant un revenu inférieur à un certain plafond, ciblant les 40% des ménages les moins aisés, sur une base uniquement déclarative». Grâce à cette formule, préconisée par les économistes de Nabni, «on couvrira à terme la moitié de la population (4 millions de ménages), pour un coût d'environ 2,4% du PIB et un transfert mensuel moyen de 12 000 DA par ménage (15 000 de DA pour les ménages de plus de neuf membres)». Deuxième proposition: «Une approche novatrice de la redistribution sociale dont bénéficierait quasiment toute la population et pourrait éviter les erreurs et les complexités du ciblage», serait de reverser des aides généralisées, «sur une base uniquement déclarative».
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