Très attendue, la déclaration de Abdelaziz Bouteflika, lue hier à l'occasion de la Journée nationale du chahid, ne répond pas à l'une des plus importantes parties du puzzle : le chef de l'Etat sera-t-il, oui ou non, candidat à sa propre succession à la tête du pays 'Dans le long chapitre consacré à l'élection présidentielle, Abdelaziz Bouteflika, usant d'un ton inhabituellement offensif et souvent accusateur envers la presse et la classe politique, laisse planer le doute sur ses intentions. Il a qualifié ce scrutin d' «important en ce sens qu'il constituera une épreuve qui indiquera le niveau de maturité démocratique du peuple algérien tout entier», l'appelant à «choisir son Président parmi les candidats en lice», exprimant «sa confiance en sa maturité, sa clairvoyance et en la justesse du choix qui sera le sien». Plus loin, le chef de l'Etat évoque un «défi à relever en assurant le succès de l'opération électorale dans le cadre d'une compétition loyale et sereine, et de la confrontation de projets de société censés répondre aux attentes légitimes des citoyens, de façon à ce que le vainqueur soit celui que le peuple algérien souverain se choisira comme Président».Et pour ne rien arranger à la situation, le chef de l'Etat, qui veut se placer au-dessus de la mêlée, oubliant que c'est l'un de ses protégés qui a déclenché la polémique, appelle «toutes les parties concernées par la prochaine élection présidentielle (?) à s'élever, chacune selon ce que lui dictent ses obligations et son rôle, au niveau de ce que le sens des responsabilités citoyennes dicte en termes de respect délibéré et conscient des devoirs qu'implique une citoyenneté qu'anime l'amour du bien de la patrie et de son peuple».En procédant de la sorte, Abdelaziz Bouteflika veut entretenir, à dessein, le flou qui, volontairement ou pas, a participé à rendre cette période préélectorale encore plus brumeuse. Car tout le monde politique et médiatique est suspendu à la décision d'un seul homme. Or, pour des raisons occultes, ce dernier ne veut rien avancer sur ses intentions.Il est vrai que, rompu à l'intrigue et jouant avec le temps, Abdelaziz Bouteflika a pris l'habitude de déclarer sa candidature à l'élection présidentielle en dernier et peu de temps avant les délais légaux pour le dépôt des candidatures. Mais cette fois, la situation est différente. Puisque en plus de l'absence de visibilité politique, l'état de santé du chef de l'Etat est au c?ur des enjeux. Pis, malgré une santé fragile, le chef de l'Etat et ses partisans ne veulent apparemment rien lâcher, quitte à donner une image de l'Algérie humiliée. «Les Algériens ne sont pas intéressés par l'état de santé du Président. Seule la stabilité les intéresse», avait dit Amar Saadani lors d'une récente sortie médiatique. Au-delà des délais légaux et des dispositions qui régissent les élections, l'attitude de Bouteflika et de son entourage ne fait que prolonger la crise politique qui ronge le pays depuis plusieurs mois.
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Posté Le : 19/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Boukhlef
Source : www.elwatan.com