Le FLN, le scandale et la campagne

De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani

Les retombées de cette affaire qui a choqué l'opinion à Annaba sont catastrophiques pour le vieux parti à Annaba où l'on tente de minimiser l'impact de cette onde de choc qui a balayé la liste des candidats même si parmi ces derniers, il y en a qui sont d'une probité exemplaire. En effet, au FLN on s'en lave les mains et on se défend en affirmant que l'on ne peut condamner tout un parti pour le comportement de l'un de ses membres «Koul chet maalga min r'djelha» (chaque mouton est suspendu par sa patte Ndlr) cela veut dire que chacun est responsable de ses actes et qu' il doit en assumer les conséquences, et puis rien n'est encore prouvé ; à en croire la presse, «le candidat impliqué dans cette affaire que nous regrettons, a déjà été jugé et condamné alors que rien n'est encore prouvé et le procès ne s'est pas encore tenu», nous a confié hier, un élu FLN qui a préféré garder l'anonymat. Le sénateur mouhafadh Zitouni Mohamed Salah s'en mord les doigts et tient, lui aussi, le même langage pour dédouaner sa formation disant que les troupes gardent le moral et que le parti remportera malgré tout les élections à Annaba. Cependant, en ville et dans les quartiers populaires, cette affaire de sexe, de vidéos x réalisées avec des mineures sous la supervision d'un Français où sont impliquées des personnes au-dessus de tout soupçon fait des vagues et donne lieu à des commentaires où l'on renvoie dos à dos victimes et délinquants. «C'est la direction du FLN qui a cautionné ce candidat qui est vice-président de l'APC de Annaba en l'imposant sur la liste, ne respectant pas ainsi les choix de la base», nous confie un militant de ce parti. Pour le citoyen, déjà que cette campagne ne l'intéresse pas beaucoup, c'est un scandale qui vient s'ajouter à d'autres, la ville de Annaba en a vu bien d'autres mais là, ça touche aux m'urs et ça implique du beau monde : gynécologues, employée de la wilaya, hôtelier, un directeur français, un élu influent et le propriétaire d'une villa cossue sans compter la quinzaine de victimes toutes mineures. Le bon sens populaire ne fait pas dans le détail et condamne tout en bloc. «Ce sont tous des délinquants et des bandits et le juge devrait tous les jeter en prison ; comme ça, cela servira de leçon à tous ceux qui voudront tenter de faire la même chose.» Première mesure du FLN local pour calmer la tempête soulevée par ce scandale : le retrait de toutes les affiches collées dans les espaces réservés à cet effet pour les remplacer par de grandes affiches où il n'y a que les slogans du parti tout en maintenant les véhicules parés de ses couleurs et qui sillonnent les quartiers de la ville parfois sous les huées (particulièrement dans les quartiers populaires).Mais dans tout cela, celui que tout le monde attend avec impatience, c'est M. Abdelaziz Belkhadem qui devrait animer un meeting à Annaba le lundi 30 avril. Un rassemblement compromis par ce scandale qui a éclaboussé le FLN et qui risque de le voir reléguer au rang de petit parti qui n'aura peut-être pas un siège à Annaba aux prochaines législatives. Que va dire le secrétaire général du FLN ' Comment fera-t-il pour présenter ses candidats au public ' Que va-t-il trouver pour expliquer cette sombre affaire'
Signalons, cependant, que les inconditionnels du FLN le défendent becs et ongles, contre vents et marées, soutenant qu'il s'agit là d'un coup monté contre leur formation parce qu'elle constitue un danger pour les autres partis qui ne pourront pas leur tenir tête. Mais le mal est fait, cette affaire a fait les choux gras pour les autres candidats issus des petites formations qui se frottent les mains sachant que l'électorat est désappointé et que les voix censées aller au FLN pourraient tomber dans leur escarcelle. L'enquête menée par les services de sécurité continue, et la DGSN a sorti la grosse artillerie pour dépêcher expressément des informaticiens spécialisés avec, pour mission, casser les codes d'accès du microordinateur du principal accusé, Jean-Michel Baroche, pour pouvoir visionner les vidéos enregistrées. Cela promet d'autres révélations comme celle où l'on voit un gynécologue procéder à la réparation de l'hymen d'une jeune fille mineure victime de sévices sexuels ou encore celle où l'on identifie JMB et le vice-président de l'APC de Annaba avec une fille dans un lit dans un hôtel huppé de la côte bônoise. Tout le monde retient son souffle.