Le FLN au bord de l'explosion

La réunion du comité central du FLN, qui doit avoir lieu, ce matin, à l'hôtel Riadh à Sidi Fredj (Alger-Ouest), risque d'être explosive.
Hier, les cinq membres du «comité des sages» (Abdelaziz Sbaâ, Abdelkader Hadjar, Abdelhak Bouhara, Mohamed Boukhalfa, Affane Ghezzane Djillali, ndlr) se sont à nouveau réunis pour dénoncer la volte-face du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, accusé d'avoir torpillé l'accord conclu mardi et qui fixait la marche à suivre lors de l'ouverture des travaux du comité central.
Avertissements
Les «sages» se sont fendus d'une déclaration incendiaire dans laquelle ils dénonçaient «la désinvolture et le non-respect de la parole donnée», et le comportement «indigne et choquant» du patron du parti, tout en avertissant que les «man'uvres dilatoires et malhonnêtes pouvaient avoir des conséquences graves et déterminantes pour le destin du parti». Face à cette situation, plusieurs membres du comité central estiment que seul le président de la République, président d'honneur du FLN, est en mesure de siffler la fin des hostilités. «Il est le seul à pouvoir imposer une solution», reconnaît un membre du parti sous le couvert de l'anonymat. Des personnalités ont tenté de lui demander de trancher, mais pour le moment, il refuse de s'impliquer dans cette affaire. Pourtant, sa parole est importante et il faudra bien à un moment donné qu'il s'engage, même si pour le moment il privilégie une «solution des instances suprêmes du comité central».
Otage
La nouvelle passe d'armes entre les deux factions adverses fait suite à la réunion qui a eu lieu mardi au siège du parti et au cours de laquelle le comité des sages avait négocié le mode de scrutin pour la motion demandant le départ de Belkhadem. Les cinq «sages» avaient obtenu qu'un premier vote par l'urne devait avoir lieu pour déterminer si le suivant suffrage serait à bulletins secrets ou à main levée. «Avec Belkhadem tout est possible, estime Abdelkader Abada. Il s'est battu pour imposer le vote à main levée pour pouvoir faire pression sur les membres du comité central. Cet homme ne reculera devant rien pour garder son poste, d'autant qu'il est l'otage d'un groupe au sein du bureau politique qui lui dicte sa conduite pour rester en place.»
Depuis 48 heures, les rumeurs les plus folles circulent auprès des militants du parti. Des informations font état de l'hébergement à l'hôtel Riadh de personnes étrangères au FLN, qui auraient été installées par les responsables du parti pour perturber le déroulement de la réunion du comité central. «Normalement, ce sont des militants d'Alger qui devaient être hébergés, affirme Mohamed Seghir Kara, mais nous avons appris que des personnes, venues de Batna et d'ailleurs, ont été ramenées pour perturber les travaux et permettre à Belkhadem d'annuler le comité central en cas de débordement.»