Algérie

Le fléau de la corruption perdure



La matérialisation de la décision du gouvernement de transférer certaines compétences de Directions centrales à des Directions locales dans les secteurs de l'habitat, du tourisme et de l'environnement n'est toujours pas à l'ordre du jour des structures locales.A ce niveau, la bureaucratie poursuit son ?uvre de blocage des initiatives de relance des activités du secteur du tourisme. Pratiquement dans toutes les wilayas, le temps est aux réunions sans lendemain ou aux cérémonies officielles de la saison estivale que l'on organise avec les mêmes animateurs, généralement des gestionnaires d'agence de voyage et de tourisme extérieur. Et pourtant, la décision prise par le gouvernement ne prête à aucune autre interprétation et encore moins un quelconque retard. Cette décision précise, les prérogatives des structures concernées pour le transfert aux wilayas et wilayas déléguées, les modalités relatives à l'octroi et la délivrance du certificat d'urbanisme, celui de l'agrément pour l'exercice de la profession de promoteur immobilier et d'agent immobilier, et l'approbation des études sur l'environnement de 43 projets.
Les responsables concernés de part et d'autres paraissaient ignorer la mesure préconisée par le gouvernement. Ce dernier a, pourtant, précisé que la mesure vise «le rapprochement de l'administration du citoyen, la simplification des procédures administratives et l'instauration de plus de décentralisation au sein des administrations publiques». Selon des informations collectées au fil de nos investigations, alors que nos voisins de l'est et de l'ouest se sont lancés dans des activités touristiques autres que celle de la gestion des voyages organisés à destination des lieux saints, dans notre pays, on est encore à compter les lits. Nos sites touristiques paradisiaques partout dans l'immensité de l'Algérie restent étrangement désertés.
On en est aussi à toujours à poser la question du refus des investisseurs nationaux et étrangers à s'intéresser à notre pays. C'est comme si, le secteur du tourisme algérien s'est figé au lendemain des dénonciations sans équivoques de Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme et de l'Artisanat, actuellement président du parti politique El Bina. Cet ancien haut responsable a évoqué la dilapidation des biens touristiques propriétés de l'État. Comme il a mis en relief les difficultés rencontrées par les opérateurs économiques nationaux et étrangers à investir dans notre pays à l'image de Chelkh Abdallah Ben Jassen II, responsable des investissements au Qatar. Il s'était déplacé en Algérie avec dans sa mallette 12 milliards de dollars destinés à la réalisation de plusieurs hôtels, résidences et sites touristiques. Il en est reparti en affirmant publiquement que des responsables algériens ont demandé du bakchich pour l'autoriser à investir.
Dans le lot, il y a l'ex-directeur général des résidences d'État du Sahel (Club des Pins) et de la société d'investissements hôteliers (SIH) Hamid Melzi. Celui-là même qui a vendu Moretti au dinar symbolique, et des villas cossues de 200 à 300 millions DA cédées à des prix bas. Une d'entre elles n'a pas atteint les 140.000 DA. La même politique du bakchich est appliquée dans la majorité des wilayas, particulièrement celles à fort potentiel touristique. Quiconque intéressé par un investissement dans le secteur doit obligatoirement débourser. Il n'en demeure pas moins que de nombreux workshop ont été organisés à travers le pays au profit des professionnels. L'objectif était de vanter le produit touristique algérien sous toutes ses formes. Pour permettre aussi de passer en revue la multitude d'atouts susceptibles d'attirer les touristes étrangers.
Dans ce contexte, l'accent a été mis sur la nécessité de tout mettre en ?uvre pour faire connaître davantage l'Algérie et ses énormes potentialités, afin de conquérir ce marché prometteur. D'où l'importance de multiplier les manifestations de promotion de la destination à travers l'organisation de workshops et campagnes de communication. C'est dire qu'à elle seule, la décision du gouvernement de transférer certaines compétences de Directions centrales à des Directions locales dans les secteurs de l'habitat, du tourisme et de l'environnement ne suffit pas.
Comme il a été souligné par les spécialistes du tourisme, la nécessité d'aller de l'avant pour relever les multiples défis imposés au secteur et gagner d'autres challenges destinés, notamment, à faire de l'Algérie une «Smart destination» s'appuyant sur le concept du tourisme durable. Les mêmes spécialistes ont estimé urgent la création d'un pôle d'observation et de prospective qui sera un véritable tableau de bord régional. Cette structure aura pour mission le positionnement de l'Algérie comme destination «nature» et «aventure» durable. Mais faudrait-il d'abord combattre le fléau de la corruption qui perdure et qui impose à tout opérateur économique de débourser pour espérer disposer d'un document.


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