Algérie

Le fin mot de l'histoire Edito : les autres articles



Le fin mot de l'histoire                                    Edito : les autres articles
C'est la visite d'Etat la plus attendue en Algérie ces dernières années. Hier, nous étions tous suspendus aux lèvres du président François Hollande. Allait-il trouver les mots justes, sincères et précis pour toucher le c'ur des Algériens ' Pouvait-il trouver cette formule magique et néanmoins funambulesque qui aurait le don de rassurer Alger sans pour autant contrarier Paris '
En se fiant à ses réponses aux questions d'El Watan et d'El Khabar mais aussi à ses déclarations lors de sa conférence de presse, on est tenté de dire que François Hollande aura gagné son pari. Il se savait sur un terrain miné en Algérie où les plaies de la colonisation ont encore du mal à cicatriser, pas plus que les provocations de certains nostalgiques de «l'Algérie française» pas encore remis de la perte de l'empire colonial.
Mais M. Hollande a prouvé, pour les Algériens en tout cas, qu'il était tout sauf un président «normal». Il a fait preuve d'une lucidité et d'une sincérité exceptionnelles pour un président français. Appréciant comme un enfant joyeux l'accueil chaleureux qui lui a été réservé par les Algérois, il n'a pas non plus déçu ceux qui ont écouté ses réponses aux questions brûlantes.
On est loin de la posture martiale et arrogante de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, venu en 2007 plus en qualité de représentant du CAC40 que de chef d'Etat soucieux de soigner les relations de la France avec l'Algérie. Sur ce plan, force est d'observer qu'il y a un grand écart entre les deux présidents.
Les Algériens avaient besoin de paroles sincères, d'un ton conciliant et d'une approche constructive pour tourner la page du passé. Et François Hollande a semblé avoir saisi le message. «J'ai compris les attentes du peuple algérien.» Cette déclaration, qui rappelle le fameux «je vous ai compris» du général de Gaulle en 1958, résume parfaitement la démarche et la feuille de route du locataire de l'Elysée à l'égard de l'Algérie. Qu'il s'agisse du devoir de mémoire, de la circulation des personnes et du partenariat économique et culturel, Hollande paraît avoir trouvé la bonne formule qui sied pour donner un élan aux relations passionnées et passionnelles entre la France et l'Algérie.
«Le passé doit, dès lors qu'il est reconnu, nous permettre d'aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin pour préparer l'avenir.» C'est là, incontestablement, une évolution du discours sur le passé colonial de la France qui s'écarte nettement du paradigme «Sarko-droitier». Et comme pour titiller l'ego des Algériens, Hollande ne s'est pas empêché de dire son choix «personnel» de commencer ses visites au Maghreb par l'Algérie, quitte à froisser nos voisins. Les Algériens apprécieront, sans doute.
«Il faut ouvrir une nouvelle page» ; «je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'Histoire» ; «je ne suis pas venu faire du business»' sont aussi autant de mots justes et apaisants de nature à impulser une refondation des relations entre les deux pays et les sortir de ces querelles quasi conjugales qui empoisonnent le couple.
Le président Hollande a donc bien parlé, hier. Il lui reste à conceptualiser ses bonnes intentions ce matin, dans le cadre officiel du congrès du Parlement algérien. L'amitié (re)naissante entre l'Algérie et la France prendra alors le dessus sur la guerre des mémoires. La guerre tout court.


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