Algérie

Le fiasco de la coalition



Le fiasco de la coalition
Assiégé dans la place Tahrir et pourchassé jusqu' au siége du Premier ministère égyptien, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, offre l'image désolante de l'aventure occidentale virant au fiasco. Il est relayé par son homologue de la Ligue arabe critiquant, d'abord, la coalition qui «s'écarte du but de la zone d'exclusion aérienne» et s'appliquant, ensuite, à  faire son mea culpa. C'était, lors de la conférence de presse, tenue au Caire avec Ban Ki-moon, que l'opportunité de la clarification de la position a été saisie par Amr Moussa réfutant l'existence d'un «désaccord». Il a souligné que «nous avons demandé aux Nations unies de mettre en place une zone d'exclusion aérienne et nous respectons la résolution de l'Onu. Elle vise à  protéger les civils et c'est cela qui nous intéresse».La valse-hésitation du secrétaire général de la Ligue arabe est à  l'image de la coalition euro-atlantique qui, confortée par l'appel de la Ligue arabe et la participation effective du seul Qatar, ne sait désormais plus sur quel pied avancer. La fracture arabe, rapidement refermée, est symptomatique du malaise de la communauté internationale et du scepticisme manifesté sur les objectifs de l'expédition «Aube de l'Odyssée». Une no-fly zone pour protéger les civils ou déloger Kadhafi ' Si pour Washington, il est clairement stipulé que la résolution autorise «toutes les mesures nécessaires», le monde qui ne parle plus d'une seule voix structure une opposition de plus en plus  forte. C'est le cas, notamment, de l'Italie soucieuse de ne pas «aller au-delà de la mise en œuvre stricte de la résolution» et privilégiant la «réconciliation» des deux parties en conflit. «Cela ne devrait pas àªtre une guerre contre la Libye», affirme le ministre italien des Affaires étrangères, Franco frattini. Poutine évoque le scénario des «croisades», jugé inacceptable par Medvedev. La Turquie avance la thèse du «nouvel Irak» que partage le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, parlant d'une «aventure» guidée par le pétrole. «Le pétrole et l'exploitation future du pétrole libyen sont les principaux motifs derrière la conduite de cette opération.Il y a de nombreux pays africains où des centaines de milliers de personnes ont été tuées, où des troubles sont en cours, mais où il n'y a pas d'opérations», a ajouté M. Borissov.La contestation mondiale bat son plein. Elle s'affirme dans les réserves allemandes réitérées avec force et l'appel africain à  la cessation des hostilités soutenu notamment par l'Inde. Le doute s'installe. Outre la remise en cause de la nature de la mission prétendument humanitaire de la coalition, la confusion entoure les objectifs de l'opération. Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, démenti quelques heures plus tard par le chef d'état-major de l'armée, le général David Richards, a ainsi laissé entendre que les frappes pouvaient prendre pour cible Kadhafi.Une telle appréciation, jamais énoncée par le mandat onusien,  a été confortée par le Premier ministre belge, Yves Leterme, qui a estimé que l'objectif est «clairement» de déloger le leader libyen. Elle s'est concrétisée dans la destruction d'un bâtiment situé au complexe résidentiel d'El Azizia. L'embrouillamini est total dans cette coalition, ouverte à  toutes les spéculations et aux appétits voraces. Alors que la seconde phase vise à  limiter les capacités de combat des forces de Kadhafi «éparpillées entre Tripoli et Benghazi», après avoir réussi à  stopper son avancée et endommagé les défenses anti-aériennes, le débat sur la conduite de l'opération à  l'issue «incertaine », selon le chef d'état-major inter-armes, l'amiral américain Mike Mullen. Tout indique, selon le vœu du secrétaire d'Etat à  la Défense, Robert Gates, que le transfert du commandement au couple franco-britannique va s'opérer dans les jours à  venir du fait des réticences de l'Otan qui n'a pas réussi, à  Bruxelles, à  dégager un accord sur son implication dans la surveillance de la no-fly zone. «Prête» à  un rôle d'appoint «dans quelques jours», selon le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.Au summum de cette situation rocambolesque : l'«Aube d'une Odyssée» américaine, nichée au quartier général de Ramstein et de Sttutgart, la très british «Ellamy», élisant domicile à  Northwood, et leur équivalant en français, l'«Harmattan» conçue au Mont Verdun (Lyon), s'approprient la paternité d'une opération sans un commandement unifié. Un hydre à  trois têtes à  dessein impérial en lutte bestiale contre la brute moyen-âgeuse du Maghreb, de l'Afrique et du Moyen-Orient. Sans équivalent, partout ailleurs.


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