Algérie

Le FFS opte pour le boycott



Attendue par la classe politique, l'opinion publique et le pouvoir, la décision du FFS par rapport aux élections législatives du 12 juin prochain a été tranchée, hier à Alger, au bout d'un conseil national extraordinaire qui a duré plusieurs heures. Le parti a finalement décidé de rejeter le scrutin, rejoignant ainsi les autres partis de la mouvance démocratique, à leur tête le RCD et le PT.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le suspense a duré jusqu'à la fin de la journée d'hier durant laquelle, au Centre international de la jeunesse de Sidi Fredj (Alger), s'est tenue la tant attendue session extraordinaire du conseil national du parti.
Au final, les membres de cette instance se sont exprimés à l'unanimité contre la participation au scrutin du 12 juin, confirmant ainsi le rejet affiché par la base militante.
Les membres du conseil ont commencé à rejoindre ce lieu de la réunion dès les premières heures de la matinée : il n'était pas question pour eux de manquer ce moment décisif qui allait marquer l'histoire du FFS en cette conjoncture particulière que traverse le pays.
Dans les coulisses, avant l'entame des travaux qui n'est intervenue qu'à presque midi, des membres de cette instance ne parlaient que de cette échéance du 12 juin.
Le rejet est presque unanime chez ceux que nous avons approchés, mais la crainte de voir le parti participer, surtout qu'entretemps l'éventualité d'un vote secret est évoquée, les habitait. Lors des débats, la majorité des intervenants étaient favorables au rejet du scrutin.
« Le parti a pris un sérieux coup. Le boycott est l'unique option pour sauver son image. Le choix de la participation cassera le parti comme jamais cela a été fait. Il faut capoter le plan de destruction avant de se mettre à la reconstruction », explique un membre du conseil national.
Les avis qui convergent vers le boycott semblent avoir incommodé certains membres de la direction nationale qui voulaient opérer « un coup de force » pour la participation. L'option d'un vote secret commence alors à circuler, mais le rejet de cette option était également unanime.
Ce qui a irrité également des membres de la direction nationale, ce message du fils de l'ancien président du parti, feu Hocine Aït Ahmed, qui s'est positionné contre les élections législatives.
Dans son message, Jugurtha Aït Ahmed, qui n'a aucune qualité au sein du parti, a dit « non à une participation mortifère du FFS aux législatives du 12 juin » et « non à la rupture du lien entre le FFS et le peuple », en rejetant « les fausses solutions du pouvoir ».
Certains membres du secrétariat national lui ont emboîté le pas en exprimant leur opposition à la participation, expliquant qu'il y va de « la cohérence de la ligne politique portée par le FFS de ne pas cautionner la feuille de route du pouvoir mise en place d'une manière unilatérale ». La tendance participationniste, accusée d'avoir « négocié » avec le pouvoir la participation du FFS et d'?uvrer pour des intérêts personnels, est fortement contrariée.
Pendant ce temps, plusieurs dizaines de militants de la base ont organisé un rassemblement devant le siège du parti, avant d'être encerclés par les forces de l'ordre. Ils ont décidé, par la suite, de faire le déplacement à Sidi Fredj pour protester contre « la normalisation du parti ». Mais, selon Ali Laskri, des barrages filtrants ont été dressés sur la route pour les empêcher de rejoindre le lieu où se déroulaient les travaux du conseil national.
Effectivement, nous avons constaté la présence de barrages de la gendarmerie sur la route menant vers Sidi Fredj, créant des embouteillages en cette journée de week-end où la circulation est censée être plutôt fluide, surtout en matinée.
« La cible des cercles mafieux et des islamistes radicaux »
C'est donc presque à midi que les travaux ont commencé. Dans son discours d'ouverture, le membre de l'instance présidentielle, Hakim Belahcel, a souligné que le mouvement populaire du 22 février 2019 a ouvert une brèche démocratique et permis d'entrevoir de nouvelles perspectives politiques pour le pays.
« Cette situation nouvelle dans le pays nous impose en tant que parti démocratique d'opposition de saisir cette opportunité historique pour favoriser une dynamique politique qui rende irréversible le processus de changement politique démocratique », a-t-il lancé, précisant que l'Algérie traverse l'une des périodes des plus décisives de son histoire.
Appelant les membres du conseil national à « avoir une conscience aiguë des enjeux auxquels est confronté le pays » « loin du populisme et du nihilisme », l'orateur a dénoncé « la campagne féroce menée contre le parti par des cercles mafieux et oligarchiques en collusion avec les islamistes radicaux, notamment à l'étranger ».
Depuis la rencontre de deux responsables du parti avec le chef de l'Etat, le FFS fait l'objet de critiques incessantes, notamment de la base militante.
Hakim Belahcel accuse également « des partisans de la sécession et du séparatisme » dont l'objectif est, selon lui, « de nous détourner de nos positions politiques traditionnelles en faveur d'une solution politique globale et démocratique ».
Dans un plaidoyer à peine voilé en faveur de la participation, il a soutenu que la décision du parti « doit être dictée par le souci, non seulement de préserver le parti mais surtout le pays ».
« L'unité nationale et la préservation de l'Etat national doivent nous guider dans notre choix politique. Mais nous devons rappeler que la crise politique a pour origine le refus du pouvoir de toute ouverture politique et son rejet de tout dialogue politique sincère et inclusif », a-t-il nuancé, appelant les plus hautes autorités du pays à donner la preuve que la « nouvelle Algérie » sera « une Algérie libre, démocratique et heureuse ».
En tout état de cause, l'orateur a affirmé que le FFS restera engagé « pour l'instauration d'un dialogue national, décomplexé et global, afin de parvenir à des issues consensuelles et concertées au marasme multiforme national ».
K. A.


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