Algérie

Le FFS manipulé ou trahi'



Le FFS manipulé ou trahi'
Le siège du FFSCe retournement dans la position du FLN et donc du pouvoir a été le moment choisi par certains pour tirer sur le FFS.Le FFS a-t-il été manipulé' Certains analystes n'écartent pas cette possibilité. Difficile d'affirmer cependant. Admettre cette théorie pour expliquer le comportement et la démarche du FFS, revient à dire que le pouvoir a utilisé le FFS. Or, si on remonte le temps, que trouvet-on' Le 22 septembre 2013, alors fraîchement intronisé à la tête du FLN, Saâdani écrit une lettre pour le moins inhabituelle, faite de louanges et d'encens, au patron du FFS qu'il commence par un «A mon grand frère Hocine Aït Ahmed, Président du Parti du Front des forces socialistes». Une lettre dans laquelle il lui demande de se «joindre à la dynamique politique qui anime le pays dans le but de rassembler et de renforcer les rangs de ceux qui aiment la patrie, servent le bien commun et agissent dans l'intérêt national dans les domaines politique, économique et social, et protéger le pays des dangers multiformes qui le guettent». Les observateurs ne purent cacher leur étonnement et se demandaient quelles pouvaient bien être «les véritables raisons qui ont incité M.Saâdani à adresser une lettre aussi éloquente au chef historique». (L'Expression du 01/10/2013).Une bouée de sauvetage'L'élection présidentielle étant le sujet de l'époque, certains firent rapidement le lien et avancèrent l'hypothèse que le pouvoir voulait intégrer le FFS dans «l'Alliance présidentielle en construction». D'autres crurent y voir une tentative du pouvoir de pousser Aït Ahmed à postuler à la présidence de la République pour conférer aux élections un plus de crédibilité. Ces lectures, jugées bonnes à l'époque, avaient empêché les réflexions d'aller plus loin et l'on renonça à le faire.Aujourd'hui, dans certains milieux, on constate que cela n'aurait peut-être pas été le cas, que les lectures de l'époque n'étaient pas suffisantes, et on s'étonne que l'on n'ait pas compris qu'il aurait fallu creuser un peu plus, surtout qu'Aït Ahmed s'était déjà retiré du Parti FFS, une année avant que lui parvienne la missive de Saâdani. Cette lettre devait-elle alors servir à légitimer une future démarche (déjà décidée') de ceux qui allaient prendre le relais de Da l'Ho'Pour mieux saisir les choses, replaçons-nous dans le contexte de la fin 2013. Une candidature à un quatrième mandat qui ne faisait pas l'unanimité de la classe politique, des rumeurs qui circulaient étouffant jusqu'à la raison, un ensemble d'opposants jugés plus ou moins sérieux ne rejetaient pas l'idée de participer à la course. On peut dire que le pouvoir n'était pas dans une position confortable avec, en prime, tous ces remue-ménage externes qui nous entouraient (Mali, Libye, Egypte et Tunisie, notamment). Mais plus dangereux que tout cela pour le pouvoir, c'était la menace de boycott des élections qui profilait à l'horizon. C'est dans ces conditions que le nouveau SG du FLN écrivit à Aït Ahmed et cette lettre comportait le besoin par le pouvoir du FFS. Faut-il comprendre aujourd'hui que le pouvoir voulait utiliser le parti d'Aït Ahmed pour bloquer ou, du moins, diminuer la réaction de l'opposition à un quatrième mandat'Le FFS est un grand parti. Nul ne peut le nier. Et c'est justement un des aspects qui le rendait attractif pour le pouvoir, car avoir ce parti de son côté en des moments aussi difficiles, pour le pouvoir, c'est comme avoir une sérieuse bouée de sauvetage. Mais est-ce que cela signifiait pour autant qu'il y avait eu manipulation' Est-ce que cela veut dire que le FFS avait accepté, d'une manière quelconque, de jouer le jeu du pouvoir'Alors que de nombreux partis appelaient au boycott des élections, le parti FFS, qui n'avait pas présenté de candidat, étonna tout le monde en décidant pour un «ni vote, ni boycott», que les nouveaux responsables justifièrent par le fait que «l'option du boycott, même si elle est respectable, ne constitue pas à elle seule une alternative». Usant de la logique d'un certain Bush, une grande partie de l'opposition qui raisonnait en termes d'un «si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi!» se mit à accuser le FFS de jouer le jeu du pouvoir, voire de l'aider à sortir d'une situation difficile. Et si ce n'était pas le cas' Et si la décision du parti d'Aït Ahmed découlait d'une simple considération des intérêts du pays dont beaucoup de signaux, de l'époque, n'étaient pas rassurants pour l'avenir' Et si, comparant les avantages et les inconvénients de sa décision pour le pays, le FFS avait opté pour le moins de dégâts' Et s'il voulait seulement agir «dans l'intérêt national (...) et protéger le pays des dangers multiformes qui le guettent»'L'amnésie du pouvoirDe toutes façons, que ce soit pour soutenir le pouvoir, ou pour un autre but, la position du FFS de ne pas cautionner le boycott avait permis d'atténuer, plus ou moins considérablement, la menace qui planait alors sur le pays. Ceci n'était pas peu au vu des conditions qui nous entouraient car, ne l'oublions pas, nous étions dans un moment des plus délicats.Aujourd'hui, ces moments difficiles sont derrière. El Hamdou lillah! Mais rien ne dit que c'est définitif, car aussi bien les ingrédients de l'époque que ses acteurs sont là et la situation économique et politique mondiale, n'est pas plus heureuse qu'à l'époque.Le FFS a entamé une démarche. Elle vaut ce qu'elle vaut mais elle est là. Le parti d'Aït Ahmed est allé jusqu'à accepter les conditions de Saâdani qui, hier, encore jurait à Aït Ahmed qu'il était prêt à l'écouter dans un silence religieux. Il n'a pas remis en cause la légitimité de Bouteflika, il n'a pas demandé d'élections anticipées. Des concessions auxquelles il avait certainement consenti pour faire aboutir sa démarche qui consiste à rassembler autour d'un consensus national, opposition et pouvoir. Ceci provoqua une fracture du terrain entre le FFS et le reste des partis de l'opposition qui, rappelons-le, disaient refuser la légitimité du président et exiger des élections anticipées. Manoeuvrant en deux temps, le pouvoir avait d'abord donné l'impression d'adhérer à la démarche du FFS.Les déclarations de Saâdani, que les responsables du parti étaient allé trouver au siège de Hydra, laissaient entendre une certaine sérénité, une certaine entente, une certaine convergence des points de vues. Mais au moment où ils se mirent à croire à une sorte de «retour de l'ascenseur» de la part du pouvoir, ils découvrirent que, en fait, le pouvoir était mauvais joueur. Qu'il n'est intéressé par un consensus qu'à la manière qu'il le conçoit. Une fois passé le mauvais moment, le pouvoir est donc redevenu sourd, aveugle et muet, comme à son habitude! L'amnésie a souvent caractérisé le pouvoir chez nous. Ce n'est pas la première fois. Ce retournement dans la position du FLN et donc du pouvoir a été le moment choisi par certains pour tirer sur le FFS, Makri en premier, qui veut reprendre l'initiative à son compte. Certains analystes affirment par ailleurs que le FFS était manipulé avant d'être lâché. Innocente cette sortie du MSP' Ou bien visait-elle à achever le travail du pouvoir' Innocentes, ces analyses ou bien sont-elles commandées et visent-elles à discréditer le FFS' Le temps nous le dira.Ce qui importe pour l'instant c'est que, en rejetant l'offre du FFS d'aller à un consensus, le pouvoir fait preuve d'un amuïssement qu'on croyait pourtant oublié et s'engouffre, une fois de plus, dans une logique qu'il aurait dû changer depuis très longtemps. Mais jusqu'à quand' Le monde qui nous entoure change vite et dangereusement. Quand devrait-on donc changer'En attendant, plutôt que manipulé, le FFS semble trahi par ce pouvoir qu'il a peut-être sauvé un jour, lorsqu'il avait décidé de sauver l'Algérie!




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