Algérie

Le FFS face à lui-même



Le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou,a, c'est l'évidence, une part de responsabilité dans le cuisant échec subi parsa formation le 29 novembre. D'une façon ou d'une autre, il devait en rendrecompte devant les instances dirigeantes et la base du parti.Dans un monde politique où il est la règle pour les «chefs»de ne jamais endosser les défaites de leurs formations, le jeune premiersecrétaire du FFS a fait sensation non seulement en assumant celle de son parti,mais en décidant aussi de remettre sa démission. Le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, qui a refusé celle-ci, a eu raison de qualifierle geste de son jeune protégé de «moral, militant et politique» et «d'acterévolutionnaire».Cette leçon de probité politique administrée, Karim Tabbou va devoir néanmoins s'affronter à une situation dansle FFS qu'il aura du mal à gérer, tant la contestation et l'amertume de l'échecsont à l'oeuvre dans les rangs de ce parti.En refusant la démission de Tabbou,le charismatique président du FFS lui a ainsi spectaculairement renouvelé uneconfiance dont le premier secrétaire a besoin pour réasseoirson autorité sur le parti. Aït Ahmed ne pouvait fairemoins que lui réaffirmer cette confiance, car sachant parfaitement que lesfrondes auxquelles a eu à faire face Tabbou avant lescrutin, les critiques qu'il a essuyées contre sa gestion des affaires du partiet celles qui lui sont adressées au lendemain du calamiteux scrutin, sontautant de remises en cause de sa propre autorité sur le parti.Le fait nouveau depuis quelque temps dans le FFS, c'est quela succession du vieux leader est ouvertement évoquée, voire souhaitée. Aït Ahmed a bien senti cet état d'esprit qui a prisconsistance non seulement chez des cadres du parti, mais également au seind'une partie de la base militante et s'exprime par les récurrentescontestations contre les équipes dirigeants auxquellesil délégue la responsabilité du fonctionnement duparti. En tout cas, Aït Ahmed ne peut plus masquerque le FFS est miné par une crise interne dont les causes sont elles aussiendogènes.Dans le message qu'il a adressé aux membres du conseilnational, dans lequel il annonçait son refus de la démission du premiersecrétaire, Aït Ahmed admet pour la première foiscette réalité en l'imputant au fait «que certains de nos cadres (du FFS) sesont plus comportés en rentiers de gestion, ou d'opposition, plutôt qu'enacteurs sociaux oeuvrant pour le lien et le liant de nos structures avec nosvillages, nos quartiers et les forces syndicales et associatives autonomes».Sauf que ceux visés ainsi par le président du FFSsoutiennent eux que si le parti est en recul, qu'il se vide de forces vives, c'està cause d'un gestion autoritariste, d'orientation et de prises de position endéphasage avec les réalités évolutives dans le pays.Aït Ahmed a raison de considérer que la défaite électorale du 29novembre n'est qu'une péripétie regrettable dans la vie du plus ancien partid'opposition. Il aurait toutefois tort d'en sous-estimer l'alerte. Elle a eneffet montré que le charisme à lui seul ne suffit pas à protéger un parti de ladésaffection et des dissensions.


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