Algérie

Le feu est au vert



Par Yahia Boubekeur
Au Mali, c'est la guerre, et même un peu plus que la guerre. Pauvreté, misère et violence. Dans ce pays que l'accord d'Alger, signé en 2015, avait stabilisé, les djihadistes, bandits, et mercenaires, s'en donnent à coeur joie, et se côtoient le jour et la nuit, maintenant qu'ils le tiennent à leur merci. Puis, ces Français qui sont là. Dans la rue, armés à faire la paix, ou à faire la guerre, comme s'ils y étaient nés.
Depuis 8 ans. 8 ans déjà et ça ne finit toujours pas.
Les enfants jetés dans la rue se lancent à l'assaut du destin, en laissant derrière, leur enfance qu'ils ne vivront pas.
Dans ce désordre chaotique, le président français annonce le retrait de ses troupes. Assez. Besoin de sous-traitant ou de mercenaire. C'est toujours ainsi pour payer la rançon ou pour faire le sale boulot. Robert Denard, soldat français, chargé d'agrandir la sphère d'influence française, par le désordre qu'il provoque, manque à l'appel. Alors, il fait comme les Américains dont les intérêts stratégiques se rejoignent très loin de l'Afrique. Mais, les Yankees, en grands joueurs, avaient déjà scellé l'alliance stratégique globale dans le Pacifique avec la Grande- Bretagne, l'Australie.
La France, cette fois, ne joue pas, mais, perd encore. Le contrat du siècle d'un montant de 57 milliards de dollars, conclu avec l'Australie, en 2016, pour la livraison de 12 sous-marins, est résilié. Alors, comme si elle revient d'une position de hors-jeu, elle se contente de dénoncer une «décision regrettable» et annule la soirée de gala programmée à Washington, le jeudi 16 septembre, pour célébrer l'entente entre les Etats-Unis et la France.
Contre toute attente, c'est la Chine qui dénonce une «vente extrêmement irresponsable», puisqu'il est évident que cette alliance vise à contrer ses ambitions dans la région.
Pour le chercheur Benjamin Haddad «la priorité, c'est la compétition avec la Chine, tout le reste n'est que distraction». Les scènes vécues dans l'aéroport de Kaboul, ne sont donc qu'une simple distraction!
Conformément à un accord signé le 29 février 2020, à Doha entre les Américains et les talibans pour leur livrer le pays qui ne les intéresse plus, ils décident du retrait de tous les soldats américains, après 20 ans de présence sur le sol a fghan. C'est en ce sens que les images du pont aérien historique établi entre les capitales occidentales et Kaboul, et du dernier avion pris d'assaut par la population dans une confusion totale, sont gravées dans les têtes de milliards de téléspectateurs, excepté celles des décideurs américains qui avaient leurs têtes plongées dans le Pacifique.
Car, ils savent que «l'océan Pacifique est pour le XIème siècle ce que l'Atlantique était pour le XXème». La moitié de la population mondiale y vit. D'une superficie de 166 millions de km2, il représente le tiers de la superficie de la Terre, et recèle des richesses halieutiques remarquables, des hydrocarbures, et une énergie thermique extraordinaire. C'est pour faire face à ces enjeux qui se jouent dans le Pacifique que la France abandonne la partie. D'ailleurs, le Premier ministre malien déplore un «manque de concertation» dans la décision de Paris et lui reproche d'abandonner le Mali en plein vol.
Mais, qui s'en soucie du Mali. Economiquement, la France perd plus qu'elle n'en gagne. En général, en Afrique, ses positions commerciales dégringolent Alors que la Chine voit ses échanges grimper de 3 à 20% en seulement 10 ans.
La Chine qui rivalise avec les USA, continue d'accroître son influence par ses excédents commerciaux qu'elle dégage et qui lui permettent de financer les déficits de pays occidentaux, et d'acheter des entreprises. Le gosse se déplace toujours entre les voitures comme dans un parc d'attractions. Il cherche une accroche, un point de chute, une perspective. Exactement comme l'Afrique. Exactement comme l'Algérie qui cherche une voie pour tracer le chemin. Le gosse a quitté sa maison, sa famille et son histoire. Il ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Il remonte l'histoire dans le sens inverse. C'est la revanche des faibles.
Le feu est au vert.


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