Algérie

Le feu en temps de coronavirus



Il est abondamment question de mort mais il y a une vie en temps de pandémie. L'été est là, les grandes chaleurs se sont fait un peu désirer mais elles arrivent, inéluctablement, on ne peut rien contre la rotation de la terre et la « marche victorieuse du calendrier », comme l'écrivait il y a longtemps un vieux confrère particulièrement inspiré. Comme le feu n'a pas vraiment besoin d'un mercure affolé pour prendre, eh bien, il a déjà pris du côté de Draâ-el-Mizan. En faisant dans la mauvaise dérision, on peut se demander ce qui peut bien brûler dans cette localité mais les incendies ne choisissent pas leur menu, parce qu'ils ne fonctionnent pas avec un service à la carte. La « tentative d'humour » étant lamentablement ratée donc, on est obligé de redevenir « sérieux », ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on aura plus de réussite. C'est pourtant sérieux, les incendies. C'est curieux qu'on ait systématiquement des « feux de forêt » dans un pays comme le nôtre, dont les grands espaces boisés ne sont pas vraiment le premier potentiel naturel. D'ailleurs, on ne sait même pas si les oliviers sont comptabilisés dans la « catégorie forêts ». Mais on sait qu'en Kabylie, les oliviers crament plus que le chêne zen, le pin d'Alep et le cèdre réunis. Qu'est-ce qui est le plus grave ' C'est quand brûlent les oliviers ou quand les flammes ravagent les « autres » ' Un ami génial nous fournit cette réponse aussi géniale : le plus grave, c'est quand brûlent les... arbres. Et puis en y réfléchissant un peu, on se rend compte que l'olivier, le chêne, le pin, le frêne, le cèdre et beaucoup d'autres arbres brûlent souvent ensemble. Bien sûr, on ne pouvait tout de même pas l'oublier, ils ne brûlent pas tout seuls. Partout dans le monde, sauf dans les pays où il n'y a jamais d'incendie, le feu est d'origine criminelle dans de très larges proportions. Chez nous, à Draâ-el-Mizan et ailleurs, il serait étonnant que ce soit différent. La seule différence est qu'ici on ne sait pas, on ne veut pas savoir ou on ne peut pas savoir. A-t-on un jour arrêté un individu ou un groupe d'individus qui ont mis le feu à une forêt, une oliveraie ou un champ de céréales ' Allez, on ne va pas faire ce cadeau aux pyromanes, qu'ils soient cliniques ou non, en parlant d'eux sans parler de ceux qui, souvent au prix de leur vie, tentent de venir à bout de ce qu'ils ont allumé. Les agents de la Protection civile, les forestiers et les citoyens qui affrontent le brasier chaque été que Dieu fait méritent respect et considération. Ils sont déjà sur la brèche, croisons les doigts pour qu'ils n'aient pas beaucoup de travail cet été. Il n'y a pas que le Covid-19 dans la vie mais le feu, on peut très bien s'en passer, merci.S. L.


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