Algérie

Le Festival d'Angoulême ouvre une année du 9e art



Grand rendez-vous annuel des amoureux du 9e art, le Festival d'angoulême signe, à partir d'aujourd'hui, le lancement officiel de l'année de la BD en France, marquée toutefois par l'inquiétude de dessinateurs et scénaristes peinant à vivre de leurs planches.Le ministre français de la Culture, Franck Riester, attendu jeudi dans cette ville du centre-centre-ouest de la France, le proclame : «la France aime le 9e Art !» Signe de cet intérêt, le président Emmanuel Macron est également attendu jeudi et a prévu de déjeuner avec des auteurs.
La dernière visite d'un chef d'Etat au Festival d'Angoulême remonte à 1985, avec François Mitterrand. Mais la profession n'est pas au mieux de sa forme et plusieurs organisations professionnelles dont le Syndicat des auteurs (Snac BD) ont invité les auteurs présents à Angoulême à «poser leurs crayons» vendredi.
Pour tenter d'apaiser une inquiétude qui pourrait se transformer en colère, le ministère de la Culture vient de rendre public un rapport commandé il y a un an. Constatant que «l'Etat ne peut assister sans réagir à la paupérisation des artistes auteurs», le rapport liste 23 recommandations visant à améliorer et clarifier la situation désastreuse des auteurs de BD alors que, paradoxalement, le secteur se porte bien. Son chiffre d'affaires a en effet été de 276,2 millions d'euros en 2018, avec près de 44 millions d'albums vendus. 3% des auteurs de BD vivent avec moins que le Smic, le salaire minimum légal d'environ 1 200 euros net. Plus d'un tiers vivent sous le seuil de pauvreté. Les femmes sont encore plus mal loties : 50% des autrices vivent sous le seuil de pauvreté. L'accès des auteurs aux droits sociaux n'est pas toujours garanti. Franck Riester fera connaître les propositions qu'il retient du rapport lors de la première quinzaine de février. «Ce rapport est un vrai changement de paradigme», s'est félicité la Ligue des auteurs professionnels qui rassemble notamment de nombreux auteurs de BD. «Il va falloir maintenant que ce rapport soit suivi de faits, de concret», a ajouté l'association.
«Je ne voudrais pas casser l'ambiance, mais (...) c'est un ??rapport'', un avis, des préconisations. Cela ne préjuge en rien de ce que le gouvernement et le SNE en fera», tempère le dessinateur Cyril Pedrosa (L'Age d'or). Le SNE, Syndicat professionnel des éditeurs, n'a pas commenté le rapport. Si on reconnaît volontiers du côté des éditeurs que la situation économique et sociale des auteurs est «difficile et précaire pour beaucoup d'entre eux», pas question pour autant de légiférer, a indiqué le président du SNE, Vincent Montagne, lors de la récente cérémonie des v?ux du syndicat.
«La tentation est grande de se tourner vers l'Etat et les pouvoirs publics pour légiférer... toujours légiférer, légiférer pour mieux normaliser», a déploré M. Montagne, par ailleurs président de Média-Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Urban Comics, Kana...), leader européen de la BD. «Tout n'est pas rose au pays de la BD», admet Franck Bondoux, délégué général du festival, qui entend malgré tout faire de cette manifestation une fête.
Quelque 2 000 auteurs et autrices sont attendus à Angoulême jusqu'au 2 février. De nombreuses expositions dont, pour la première fois en France, une rétrospective consacrée à l'Américain Robert Kirkman, créateur de la série Walking Dead, seront présentées au public. Première dessinatrice de BD nommée à l'Académie des beaux-arts, Catherine Meurisse (par ailleurs en lice pour le Grand prix d'Angoulême) aura également droit à une grande exposition.
Le Fauve d'or, prix très convoité attribué au meilleur album de l'année, sera décerné samedi soir, avec 43 albums en lice.


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