Algérie

Le FCE souligne la "solitude des chefs d'entreprise"



L'économie val mal. Tous les secteurs sont touchés. Beaucoup d'entreprises sont en difficulté. Certaines ont, déjà, déposé le bilan. Celles qui sont encore en activité éprouvent des difficultés pour payer leurs salariés et se trouvent contraintes de compresser leurs effectifs. C'est le constat alarmant dressé, samedi, lors de l'université d'été du Forum des chefs d'entreprise (FCE). "Uniquement dans le secteur du BTPH, on parle de 60% des acteurs de ce secteur qui ont fermé", relève le président du FCE, Samy Agli. "Il n'y a pas un secteur qui soit épargné. La crise, aujourd'hui, est transversale", a-t-il ajouté.Des chefs d'entreprise n'ont pas caché leur inquiétude. Surtout qu'ils ne trouvent pas d'interlocuteurs. Les enquêtes de corruption ont entamé la prévisibilité du cadre d'activité des entreprises. Les entrepreneurs font face à une administration sourde, révélant la faiblesse du pouvoir de négociation des organisations patronales face aux pouvoirs publics, en général, et aux administrations économiques, en particulier. Le témoignage, poignant, d'un opérateur montre l'étendue de la solitude du chef d'entreprise devant le pouvoir discrétionnaire de l'administration.
L'intervenant a évoqué l'exemple d'un chef d'entreprise qui activait dans le secteur de la téléphonie. Ce chef d'entreprise s'est lancé dans l'assemblage de smartphones, sur recommandation du ministère de l'Industrie. L'investisseur s'est retrouvé confronté au blocage de son matériel au port parce que son agrément a expiré. Sollicitant le ministère de l'Industrie pour lui renouveler son agrément, il a essuyé un refus. "Il se retrouve, du jour au lendemain, obligé de fermer tout son réseau et de licencier les travailleurs", a signalé l'intervenant.
Une autre intervenante a indiqué que plusieurs entreprises sont en cessation de paiement, à cause des commandes publiques qui n'ont pas été honorées. Parallèlement, ces entreprises font face aux pressions de l'administration fiscale et parafiscale. "Ce sont des moments très durs pour les entreprises", relève-t-elle, évoquant des licenciements de travailleurs, dans des régions déshéritées. "Ce sont des signaux très graves", a-t-elle averti.
D'autres chefs d'entreprise ont affirmé que les banques n'accordent pas les crédits d'exploitation, encore moins les crédits d'investissement. Au contraire, les entreprises subissent des pressions pour le remboursement des crédits. Des chefs d'entreprise se plaignent que les banques leur appliquent des pénalités. "Les entreprises souffrent, et de l'autre côté, on ne voit pas forcément de réactivité", a regretté le président du FCE.
L'organisation patronale a demandé au ministère du Travail un moratoire pour le paiement des entreprises en difficulté. Pour l'instant la réponse ne vient pas. Pour autant, le Forum des chefs d'entreprise nourrit l'espoir de voir les préoccupations des entreprises prises en charge par les pouvoirs publics. Il a proposé, à l'occasion de son université d'été, une série de mesures de sauvegarde immédiates et des mesures plus structurantes pour améliorer l'environnement des affaires.

Meziane Rabhi


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