Le fatidique tournant du libéralisme

Des signes manifestes annoncent une mue profonde dans la culture de consommation occidentale. Des rites et des us disparaissent pour laisser penser que le libéralisme est souffrant. Pas tant par les gerçures que provoque la bataille planétaire des concurrences que par une mutation profonde des m?urs qui s'imprime. L'enfer des pandémies, le dérèglement climatique, les conflits et les guerres qu'a accompagnés la crise économique mondiale ont tracé des failles dans les comportements sociaux pour que les modes de vie changent d'options et de visages jusqu'à se demander si l'idéologie capitaliste ne serait pas en phase de disparaître. S'en convaincre est probablement aller vite en besogne car la société de consommation a toujours prouvé qu'elle savait retomber sur ses pieds. Mais cette fois-ci, c'est le marché qui change de carapace et de cadence. A bien observer l'impressionnante méticulosité des ménages à restreindre avec hargne leurs dépenses jusqu'à faire naître chez les grandes firmes de production internationales l'obligation de s'orienter vers le recyclage, il y a là d'évidence un grand tournant annoncé. S'obliger à chasser la tentation d'un café, assis sur une terrasse, n'est pas anodin. Les envies petites et grandes sont chassées par le tambourinage tenace dans les esprits des redevances et des factures à honorer. La production à tout va et effrénée de toutes les nécessités qui concouraient à la vie quotidienne des populations est de plus en plus mise en veilleuse et on préfère aujourd'hui faire du neuf avec du vieux. Tout y est. Meubles, habillements, électroménagers, véhicules, jusqu'à l'initiation à l'alimentation insectivore. De là à ce que les grandes et célèbres surfaces qui imposaient leurs lois, deviennent des marchés aux puces il n'y a qu'un pas. Aujourd'hui ce sont les consommateurs qui, malgré eux, appliquent les leurs et les maîtres de la production et du commerce sont dans l'obligation de s'adapter non sans dégâts. Des millions de chômeurs dans ce sillage sont prévus avec la mise en veilleuse déjà perçue de la production mondiale. Aucune société n'évitera ce grand tournant.