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Le facteur aux abonnés absents La grève des postiers persiste



Le facteur aux abonnés absents                                    La grève des postiers persiste
Ils étaient plus d'une centaine de postiers, caissiers, receveurs et autres agents à avoir fait le déplacement, hier, pour participer à un sit-in devant la Grande-Poste. Et ils n'en démordent pas : ils iront jusqu'au bout de leur bras de fer avec l'administration. Ils demandent l'application de la convention collective, ainsi que de meilleures conditions de travail et de sécurité.
En grève ' Et je fais comment maintenant ' Il ne manquait plus que ça !», maugrée une dame en poussant la porte d'un bureau de poste à Alger. Fermé. Pratiquement l'ensemble des agences d'Algérie Poste de par le pays sont «hors service», cadenassées, voire leur l'entrée bloquée par des bancs métalliques. Depuis près d'une semaine que dure ce débrayage des travailleurs, les usagers n'en finissent pas d'être pénalisés. «Nous comprenons parfaitement qu'ils réclament leurs droits.»
Un service minimum n'aurait pas été un luxe ! Tout particulièrement pour tous ces vieux qui ne peuvent pas retirer leur pension de retraite», souffle une jeune femme en esquissant un regard vers une dame âgée debout devant le bureau de poste clos. Et lorsque la porte d'une agence est ouverte, un calme inhabituel y règne. Les salles sont vides et les guichets déserts. Pourtant, le personnel est présent.
Derrière les comptoirs, on discute, on commente le déroulement et les avancées de ce mouvement de protestation et on prend surtout le temps d'expliquer aux citoyens pourquoi ils doivent faire demi-tour. «Nous sommes désolés, mais le seul service qui fonctionne est le retrait électronique. De même, il y a deux ou trois postes à Alger qui assurent un service minimum», affirme un guichetier.
Ce dernier constate qu'une compréhension, voire même une solidarité, est manifestée par les usagers, même déçus. «Quand nous leur expliquons que nous sommes les premiers à pâtir de cette situation, ils se radoucissent. Imaginez donc rester de 8h jusqu'à 18h, assis à votre bureau sans rien faire», poursuit-il. «Bon courage pour la suite et je souhaite vraiment que vos revendications aboutissent !», lance d'ailleurs, en sortant de ce bureau, un jeune homme au poing levé. «Ils comprennent que nos revendications ne feront qu'améliorer le service», commente Saïd, inspecteur dans cette même agence. A 55 ans, il justifie de «près de 40 ans» de bons et loyaux services au sein d'Algérie Poste. «Et pour quoi ' Pour pas grand-chose, que ce soit matériellement ou moralement !», s'indigne-t-il, avant de poursuivre en haussant le ton : «Aujourd'hui, nous voulons faire en sorte que les choses s'améliorent et nous sommes traités comme des voyous.» En avisant une pile de boîtiers et casiers pleins de fiches jaunies, il lance : «Ils parlent de modernisation. Ils installent des machines qui coûtent des millions de dinars mais sans les activer !»
«Nous passerons la nuit s'il le faut !»
Si ce bureau est l'un des rares à être ouvert, il ne tardera pas à fermer. «Tous nos collègues du pays sont à la Grande-Poste et vous, vous êtes là à discuter !», ironise un agent qui invite énergiquement les autres travailleurs à prendre part à cette manifestation. Ils étaient plus d'une centaine de postiers, caissiers, receveurs et autres agents à avoir fait le déplacement, hier, pour assister à ce sit-in algérois. Venus de nombreuses wilayas de l'Intérieur du pays ou de la banlieue proche, ils n'en démordent pas : ils iront au bout de leur bras de fer avec l'administration. «Quitte à passer la nuit devant la centrale, à revenir demain, après-demain et jusqu'à totale satisfaction de nos revendications», claironne Tahar Ouarzki, caissier à Ben Aknoun, qui s'improvise coordinateur et porte-parole de ce mouvement.
Cette grève «spontanée», aucun préavis de grève n'ayant été déposé, a été déclarée illégale par la direction. «Il n'y a pas eu de préavis parce que nous ne sommes plus représentés par aucun syndicat», expliquent les manifestants. «Tout le monde ne parle que de cette prime de 30 000 DA en faisant notre seule revendication. Ce qui est totalement faux !», s'indigne un postier. «Ce que nous exigeons, c'est l'application de la convention collective telle que signée avec Algérie Poste», ajoute un autre gréviste. «Il y a, évidemment, des demandes salariales. Mais nous voulons aussi une révision des grades et des carrières, de meilleurs moyens et conditions d'exercice ainsi que la sécurité sur nos lieux de travail», énumère quant à lui un caissier.
Les manifestants affirment ainsi que cette grève tout comme leur sit-in à la Grande-Poste sont illimités et ne prendront fin qu'une fois toutes leurs revendications satisfaites.
Ce qui ne semble pas près d'arriver. La direction d'Algérie Poste a appelé ses employés, dans un communiqué, «à faire preuve de vigilance et de sagesse et à se rallier autour de leur entreprise en vue d'améliorer les prestations postales et relever le défi de manière à préserver l'image de la poste».


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