Algérie

Le dur constat de la FNTR



Environ 75% des retraités touchent une retraite qui oscille entre 30 000 et 35 000 DA.n La dégradation de la situation financière de la Caisse de retraite ne fait que s'aggraver avec un déficit qui s'est nettement accru. Depuis 2018, le gouvernement est venu à la rescousse de la CNR en injectant dans ses caisses un montant de 500 milliards de dinars, soit 40% des besoins immédiats de la caisse.
Un apport renouvelé en 2019, alors que le déficit reste proche des 700 milliards de dinars. Le constat est unanime, aujourd'hui, les cotisations des travailleurs ne suffisent plus à garantir les pensions de retraite sans apport externe, d'autant plus qu'il faudrait 5 cotisants pour un retraité, alors qu'on est dans une situation où seulement deux travailleurs cotisent pour un retraité. Les difficultés financières de la CNR risquent de s'aggraver encore à l'avenir si les prévisions de hausse du taux de chômage venaient à se confirmer. En effet, des pans entiers de l'économie, à l'instar du BTPH, risquent de vaciller sous l'effet de la baisse de 20,1% des dépenses d'investissement prévue pour 2020.
Le FMI table sur un rebond à 13,3% en 2020 qui toucherait essentiellement les jeunes catégories parmi les demandeurs d'emplois. Pour la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), la situation n'est pas nouvelle. Elle est le résultat du faible niveau de cotisation des travailleurs, mais aussi par l'augmentation des bénéficiaires du système de retraite en Algérie. "Cela fait plus de 10 années que la fédération a tiré la sonnette d'alarme", nous a indiqué Mouloud Belkhoudja, secrétaire général de la FNTR, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Pour la fédération, cette situation dramatique de la caisse trouve son origine dans l'instauration de la retraite anticipée qui a gonflé de manière exponentielle les effectifs de la caisse. D'ailleurs, les chiffres de la CNR le démontrent. Le nombre des retraités a atteint à fin avril 2019, les 3,2 millions contre 2,6 millions fin 2014. Les dépenses annuelles de la CNR en la matière sont passées de 803 millions de dinars en 2014 à 1,282 milliard de dinars fin 2018. Avant, la CNR se portait bien, selon la FNTR qui a précisé qu'il avait 8 à 9 actifs pour un retraité, alors qu'aujourd'hui c'est à peine 2 actifs pour un retraité. La FNTR a souligné, par ailleurs, que d'autres facteurs ont concouru au déséquilibre financier de la caisse, à l'instar du financement par la caisse d'autres dispositifs (filet social), mais surtout l'informel à travers la non déclaration et la sous-déclaration. L'un des axes à prendre en considération pour pallier les difficultés de la caisse est justement de renforcer le contrôle en matière de déclaration et de sous-déclaration, a estimé la FNTR. La situation est alarmante pour le pouvoir d'achat des retraités.
Aujourd'hui, 75% des retraités touchent une retraite qui oscille entre 30 000 et 35 000 DA. D'où la proposition de la FNTR de revoir les paliers de l'IRG et pourquoi pas la suppression de cet impôt. La situation étant ce qu'elle est, le gouvernement en place a entrepris d'élaborer un nouveau projet de réforme des retraites du régime des salariés. Le premier responsable de la caisse en avait esquissé quelques détails, notamment "la réduction du taux de la pension de retraite à 60% du salaire au lieu de 80% actuellement", "doubler le nombre des dernières années de travail dans le calcul de cette pension (10 au lieu de 5 ans)", tout en préconisant "un gel des 2,5% de revalorisation annuelle des pensions de retraite". On a même évoqué de porter l'âge légal de retraite à 65 ans au lieu de 60 actuellement. Sur ce sujet, la FNTR a précisé qu'elle n'a pas été associée au débat sur cette éventuelle réforme des retraites. Elle se dit, néanmoins, prête à monter au créneau si les intérêts des retraités sont touchés par cette réforme. La fédération a indiqué, par ailleurs, que c'est aux syndicats des actifs que revient le droit et l'obligation d'intervenir sur ce dossier de réforme des retraites. Concernant la retraite complémentaire que comptent mettre en place les pouvoirs publics, la FNTR a estimé que c'est une bonne chose, mais cela ne réglera pas la question de la perte du pouvoir d'achat du retraité.

Saïd Smati


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