Pas de sommet maghrébin en vue donc, les «conditions ne sont pas réunies». Une année ou presque après le Premier ministre marocain, Benkirane, c'est le ministre algérien des Affaires étrangères qui s'est chargé de refroidir les ardeurs. Au-delà des arguments qui se rejoignent en définitive, il est bien clair qu'il n'existe pas de réelle volonté politique d'y aller. Hormis chez Moncef Marzouki, aussi bien par conviction maghrébine que par réalisme. Mais c'est enfoncer une porte ouverte que de dire qu'il n'a pas les moyens de bousculer la formidable force d'inertie du «duo» algéro-marocain. Car, on le sait parfaitement, dans l'Union du Maghreb, la Libye et la Mauritanie sont trop à la marge pour peser.
Le projet maghrébin reste - c'est d'ailleurs sa propre histoire - une affaire de militants de la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Aujourd'hui, c'est le président «provisoire» de la Tunisie qui tente de porter l'idée et d'inciter à reprendre un élan stoppé en 1994. Et ce sont les protagonistes directs de la crise de 1994 qui traînent les pieds. Même s'ils n'avancent pas les mêmes arguments, l'Algérie et le Maroc ne donnent aucun signe d'enthousiasme pour le projet maghrébin. Il y a des mois, le Premier ministre marocain, à l'évidence sur instruction du Palais, a conditionné la tenue du sommet préparé avec beaucoup d'entrain par les Tunisiens à l'ouverture des frontières avec l'Algérie. Personne n'ignorant que cela ne sera pas accepté par Alger, l'exigence n'avait qu'un seul sens: on ne veut pas du sommet.
Aujourd'hui, tout en disant que cela ne fait pas obstacle à l'idée maghrébine, le chef de la diplomatie algérienne a insisté sur le fait que la sécurité est le problème numéro un au niveau du Maghreb et même au niveau régional. Les questions sécuritaires ne sont pas une fiction, mais elles ne sont pas une nouveauté. Et on peut penser «naïvement» que plus de synergies maghrébines ne peuvent faire que du bien à la sécurité. En réalité, le «Maghreb» ou son idée est monopolisé par les Etats et il n'est donc pas séparable de leurs priorités politiques. L'Algérie et le Maroc ont une similitude frappante : les «réformes» décidées par les pouvoirs en place ont pour objectif de préserver une situation et non de la changer. Au Maroc, la révision de la Constitution a déplacé un demi-mot et maintenu le vieil ordre. En Algérie, les plus optimistes parlent «d'hésitation» à réformer…
Cette similitude dans la réforme ornementale se traduit par une inertie à l'extérieur, une volonté de maintenir les lignes au lieu d'essayer de les faire bouger. M. Medelci n'a pas tort de relever qu'il existe une vraie divergence d'approche sur le contenu à donner à l'intégration économique maghrébine. Et cette divergence n'a rien de surprenant, elle correspond très clairement à des structures économiques nationales différentes qui n'ont pas nécessairement la même projection sur ce que doit être l'ensemble maghrébin. Mais s'arrêter à cette divergence au lieu d'essayer de la résoudre en se plaçant dans une dynamique d'avenir, n'est pas judicieux quand on observe froidement ce qui se passe au niveau de l'économie mondiale. Le Maghreb ne peut s'envisager que dans une démarche dynamique… qui ne peut être portée par des gouvernants dont le souci premier est de brider les demandes de changement.
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Posté Le : 02/04/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com