Algérie

Le drame vu d'Alger



Le drame vu d'Alger
L'inquiétude est grande quant aux menaces qui pèsent sur la communauté algérienne, du fait de ces attentats.Plusieurs grenades lancées dans une mosquée du Mans, lieu de prière pris pour cible avec des coups de feu dans l'Aude, fusillade dans le Vaucluse, quelques heures à peine après l'attentat contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, plusieurs attentats ont été enregistrés mercredi 7 et jeudi 8 janvier contre des lieux de culte musulman ou à proximité de ceux-ci.Toutes ces agressions, si elles semblent marginales dans tous les sens du terme, n'en revêtent pas moins un caractère inquiétant, quant à la suite des évènements. L'ambiance délétère qui règne aujourd'hui en France, malgré les nombreuses déclarations des hommes politiques et des représentants des cultes appelant à ne pas faire d'amalgames et à respecter les différences, pourrait être exploitée par les tenants du racisme et de la xénophobie qui escomptent bien tirer les dividendes d'une situation dramatique.Ces tragiques évènements ne doivent pas être appréhendés uniquement, sous la lorgnette d'un djihadisme qui répond à une politique française hasardeuse, en Irak puis en Syrie et en Libye. De réelles zones d'ombre, et plusieurs inconnues pèsent sur les drames survenus à Paris, qui nécessitent un certain recul, ainsi que la maîtrise d'informations complémentaires, avant de prétendre formuler une analyse objective. L'attentat contre Charlie Hebdo qui, aux yeux d'une frange importante des musulmans, sanctionne une approche par trop libertine du sacré islamique, étonnamment accompagnée, constitue la part visible d'un iceberg de la théorie du complot, pour peu qu'on le rapporte au tollé, soulevé par les propos de l'humoriste Dieudonné quand il a subi les foudres des médias et des institutions, toutes tendances confondues, parce qu'il osait caricaturer la communauté juive.Il n'empêche, c'est unanimement que les Algériens, depuis l'homme de la rue aux responsables des plus hautes instances, ont exprimé, sans faux-fuyant, leur entière condamnation de l'attentat contre Charlie Hebdo. Parce qu'ils ont vécu la décennie noire, parce qu'ils ont pris la mesure des horreurs du terrorisme drapé dans l'argument du djihad pourtant clairement codifié par l'islam, parce qu'ils sont rivés à leurs familles qui vivent et travaillent en France pour lesquelles ils n'ont qu'un souhait, celui de les savoir en paix et en harmonie avec la société d'accueil, les Algériens ont, dans leur écrasante majorité, pris fait et cause pour une France de la liberté et de la fraternité, aujourd'hui blessée par un terrorisme qui nous avait sauvagement meurtris des années auparavant, alors qu'un silence international aussi pesant que complice encerclait l'Algérie de toutes parts. Oui, l'inquiétude est grande, quant aux menaces qui pèsent sur la communauté algérienne, du fait de ces attentats. Le discours ambiant de ces mois derniers a fait de l'Islam et des communautés musulmanes des boucs émissaires ostensiblement désignés à la vindicte populaire. Sachant que la communauté algérienne et d'origine algérienne demeure la cible privilégiée de l' extrême droite qui affiche ouvertement ses ambitions revanchardes, et mesurant l'impact de cette ambition politique rendant cette communauté responsable des maux de la société, le peuple algérien observe avec attention l'évolution des évènements, tout en exprimant sa condamnation sans réserve des attentats et sa solidarité avec le peuple français. C'est un lieu commun que d'évoquer les liens multiples et profonds qui existent entre les deux pays, l'histoire, la langue, la proximité géographique, autant de facteurs qui rendent le destin commun tributaire d'une amitié et d'une coopération exemplaires. Encore ne faut-il pas que des trublions, de quelque bord qu'ils soient, ou que des fuites en avant politiques viennent, à nouveau, assombrir cette relation, patiemment reconstruite pour surmonter les défis et les épreuves, ici comme là-bas.




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