Algérie

Le drame des migrants refoulés en Libye



La politique migratoire de l'Union européenne a été souvent critiquée par les ONG et l'ONU, estimant que la Libye n'est pas un endroit sûr pour les migrants. Les pays du sud de l'Europe ne sont pas non plus contents de cette politique qui pose sur eux le lourd fardeau de l'accueil des migrants.La Commission nationale des droits de l'Homme en Libye (CNDHL) a tiré hier la sonnette d'alarme sur la situation dramatique des migrants secourus en Méditerranée et qui sont systématiquement renvoyés en Libye, un pays en guerre depuis dix ans. Dans un communiqué rendu public hier matin, la CNDHL a affirmé suivre "avec une vive inquiétude la menace de mort, de torture et de sévices contre les immigrants noirs (d'Afrique) aux mains d'éléments armés liés aux groupes criminels locaux et aux gangs du crime organisé", dénonçant ce qu'elle qualifie "de crimes odieux, de violations flagrantes et d'actes criminels odieux dont certains immigrants africains sont victimes". Certains de ces crimes et atteintes aux droits des migrants sont relayés dans des vidéos et des photos circulant sur les réseaux sociaux et diffusées par les médias locaux.
Le communiqué de la CNDHL affirme que ces scènes de tortures et de menaces sont utilisées par "les trafiquants d'êtres humains et passeurs, afin d'obtenir des sommes d'argent des familles de ces migrants". Certes, ce n'est pas la première fois que ce genre d'agissements est signalé par cette commission et d'autres ONG très actives sur le terrain, mais le renvoi massif de migrants en Libye a accentué ce drame qui touche des centaines de migrants, surtout dans ce contexte de pandémie de coronavirus qui ne facilite pas la mission d'aide à cette frange, victime de tous les abus.
"La commission réaffirme qu'elle a précédemment exprimé sa préoccupation concernant le sort des migrants et des réfugiés entrant en Libye depuis l'Europe et qui se trouvent toujours en Libye", rappelle la CNDHL, dénonçant "dans le même temps (...) les politiques de l'Union européenne qui visent à intercepter les migrants et les réfugiés africains en Méditerranée et à les renvoyer en Libye et à les maintenir, les exposant ainsi à ces crimes et violations commis à leur encontre par les gangs du crime organisé et les réseaux de trafic et de traite d'êtres humains", lit-on dans ce communiqué, qui fait endosser la responsabilité politique et morale à l'UE, et à l'Italie en premier lieu. Mais l'Italie se défend d'avoir la moindre responsabilité, n'ayant pas non plus les moyens de prendre en charge l'important flux migratoire de ces dernières années et de mettre fin aux dizaines de naufrages qui surviennent régulièrement en mer Méditerranée.
Mercredi, l'Italie, appuyée par l'Espagne, la Grèce et Malte, a présenté un document rejetant le Pacte migratoire de Bruxelles, défendu entre autres par l'Allemagne qui assure la présidence tournante de l'UE pour six mois, estimant qu'ils ne devraient pas assumer, à eux seuls, le poids de l'accueil et de la prise en charge des migrants arrivés sur leur sol. En effet, plusieurs pays membres de l'UE refusent d'adhérer au dispositif d'accueil et de relocalisation des demandeurs d'asile africains et sud-asiatiques qui débarquent sur le Vieux Continent. En même temps, à Bruxelles, la politique du tout-répressif, basée sur le renvoi de migrants en Libye et un quadrillage militaire des routes maritimes en Méditerranée, a pris le dessus sur la gestion politique et humanitaire de la crise migratoire.
Lyès Menacer


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