Le drame de Lampedusa est le résultat d'une politique criminalisant l'immigration

La noyade début octobre de centaines de migrants africains à quelques mètres de l'île italienne de Lampedusa est le résultat d'une politique européenne criminalisant l'immigration clandestine, a affirmé une Eurodéputée, membre de la Commission pour les libertés, Hélène Flautre."C'est le résultat d'une politique, portée tant par les Etats que par l'Union européenne, qui vise à criminaliser l'immigration irrégulière et à empêcher par tous les moyens les migrants d'arriver sur le sol européen", a-t-elle indiqué, dans un entretien à l'hebdomadaire Politis.
Pour l'Eurodéputée d'Ecologie les Verts, le problème, c'est que les Etats, et l'UE elle-même, n'ont pas fait de la question de la protection des personnes une priorité. "C'est cela qui doit changer radicalement", a-t-elle martelé, regrettant que les politiques migratoires européennes mettent l'accent sur la protection des frontières et sur le refoulement des flux migratoires.
"Cela a pour effet de transformer les pays voisins du Sud de la Méditerranée en de vastes zones de rétention, mais aussi à pousser les gens à partir dans des conditions de plus en plus dangereuses, où tout est réuni pour que des catastrophes surviennent", a indiqué Mme Flautre, pointant du doigt les réseaux mafieux qui demanderaient plus d'argent à des personnes en difficultés, voulant joindre l'autre Rive à tout prix.
Selon elle, les politiques migratoires fonctionnent comme des "subventions" à ces réseaux de passeurs qui demandent de plus en plus d'argent û plus c'est dangereux, plus c'est cher û et n'ont aucun scrupule à faire monter les gens dans des bateaux défaillants.
Mme Flautre a jugé que le moment est venu de mettre sur la table les dispositifs existants pour ces personnes qui fuient, pour la plus part, des situations conflictuelles ou la malvie. "Les Syriens devraient pouvoir passer la frontière gréco-turque sans avoir besoin d'acheter des passeports d'une autre nationalité, les Erythréens ou les Somaliens devraient pouvoir aller dans toutes les ambassades européennes et faire valoir leur droit à la protection et avoir accès à des visas humanitaires", a-t-elle expliqué, jugeant que cela est déjà possible et qu'il faudrait juste activer ces instruments.
L'Eurodéputée a fait valoir une autre directive européenne sur la protection temporaire en cas d'afflux massif qu'il faudrait, selon elle, également mettre en marche. "Face à toutes ces situations, il faut utiliser les instruments de la politique européenne dans les Etats membres pour que s'opère une mobilisation solidaire susceptible de protéger les personnes", a-t-elle préconisé, estimant que cela est aussi une façon, pour l'UE, d'être "fidèle" à sa promesse de paix.
Le 3 octobre dernier, au moins 300 personnes sont mortes noyées après que leur embarcation surchargée eut échoué à 600 mètres de la petite île italienne de Lampedusa. A son bord, 600 personnes, dont des enfants et des femmes enceintes, fuyaient la Somalie et l'Erythrée par la Libye, dans l'espoir de rejoindre le Nord de l'Europe. Cette tragédie avait l'indignation de par le monde, le Pape François ayant même qualifié l'accident de "honte".