InfoSoir : Quel constat faites-vous de l'économie algérienne en 2012 '
A. Mebtoul : Après 50 années d'indépendance, l'économie algérienne se caractérise par 98 % d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et l'importation de 70 à 75 % des besoins des ménages et des entreprises qu'elles soient publiques ou privées. Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach ont engrangé entre 2000 et 2012 environ 560 milliards de dollars, allant vers 600 milliards de dollars fin 2012. Le président de la République a annoncé au dernier trimestre 2011 que 500 milliards de dollars seront mobilisés entre 2004-2014. A ce jour aucun bilan n'a été réalisé. Mais le fait important malgré ces dépenses colossales est que le taux de croissance moyen entre 2004-2011 est de 3 % montrant une disproportion entre ces dépenses et les impacts économiques ce qui se répercute sur la situation sociale qui deviendrait explosive en cas de chute brutale des cours des hydrocarbures.
Cette situation permet-elle de résoudre le lancinant problème du chômage '
L'enquête de l'ONS d'août 2012 révèle que le tissu économique national est fortement dominé par les micro-unités dont les personnes physiques à 95 % (888 794) alors que les personnes morales (entreprises) représentent seulement 5 %, soit 45 456 entités. La structure de l'emploi en est le reflet avec une très forte concentration des entreprises au niveau de la tranche d'effectif 0-9 occupés, où sur les 934 250 entités économiques, près de 914 106 se situent sur la tranche d'effectifs 0-9 salariés, soit 97,8 % de l'ensemble des entités économiques. Il y a lieu de noter que seules 932 entités économiques emploient 250 occupés ou plus. Par strate, environ 83,7 % des entités économiques employant moins de dix salariés sont dans le secteur urbain. Facteur important, 3,9 millions d'Algériens travaillent dans l'informel. L'enquête révèle aussi l'incapacité d'absorption du marché du travail qui n'arrive plus à suivre le flux de main-d''uvre en quête d'emploi. Nous assistons à des discours contradictoires sur le taux de chômage. La population active dépasse les dix millions en 2012 et la demande d'emploi additionnelle varierait entre 300 000 à 400 000 personnes par an. Pour le ministère du Travail, le taux de chômage est en nette régression l'estimant à 9 % pour 2012. Le 1er septembre 2012, l'ONS annonce que la population en sous-emploi par rapport au temps de travail est estimée à 1 718 000 occupés en 2011, soit un taux de sous-emploi de 17,9 %,
Quelles sont les entraves à la création d'entreprises créatrices d'emplois à valeur ajoutée.
Le rapport, publié à Genève le 5 septembre par le Forum économique mondial de Davos, a passé au crible les 144 pays les plus importants économiquement dans le monde et rétrogradé l'Algérie de trois places. Elle figure à la 144e place, c'est-à-dire à la dernière pour l'innovation. Parmi les cinq, sur les seize facteurs, qui entravent le développement économique en Algérie figurent les lenteurs bureaucratiques (1), l'accès au financement (2), la corruption (3), l'absence d'infrastructures (4) et le manque de main-d''uvre qualifiée. Selon le recensement de l'ONS, près de 40% des chefs d'entreprises considèrent que les délais de création d'une entreprise sont longs : par secteur juridique, 40,1 % des entreprises privées contre seulement 24 % des entreprises du secteur public. Pour les formalités administratives, 43,9 % des chefs d'entreprises estiment que le dossier administratif afférent à la création de l'entreprise est complexe contre 39,3 % qui déclarent le contraire.
Le nouveau Premier ministre peut-il relancer la machine économique '
Les chantiers ne manquent pas pour le Premier ministre. Espérons pour l'Algérie que le gouvernement Sellal dépassera le statu quo actuel suicidaire ce qui suppose un changement dans l'orientation de la gouvernance et de la politique économique condition sine qua non pour l'émergence d'une économie hors hydrocarbures. Pourtant, malheureusement, avec de nombreux observateurs, je pense qu'il n'y aura pas de changement de cap de la politique économique. Les réformes structurelles ne peuvent être réalisées car déplaçant des segments importants de pouvoir et pouvant créer des clivages et de vives tensions. Par ailleurs depuis la révision de la Constitution c'est un régime présidentiel et tous les pouvoirs sont concentrés à la présidence, n'ayant plus de chef de gouvernement mais un Premier ministre. Ce sera donc la continuité, comme précisé par le nouveau Premier ministre, c'est-à-dire l'application du programme présidentiel.
(*) Expert international en management stratégique.
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Posté Le : 22/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A B
Source : www.infosoir.com